Toussaint Dubreuil, premier peintre d’Henri IV

entretien avec Dominique Cordellier, commissaire de la première exposition consacrée à cet artiste
Avec Anne Jouffroy
journaliste

Jusqu’au 21 juin 2010 le musée du Louvre présente Toussaint Dubreuil (vers 1560-1602), premier peintre d’Henri IV. Une cinquantaine de ses dessins parmi les plus beaux et les plus méconnus de l’art français et quelques-uns de ses rares tableaux sont accrochés dans les salles Mollien, au 1er étage de l’aile Denon. Le commissaire de l’exposition nous fait découvrir cet artiste méconnu.

Émission proposée par : Anne Jouffroy
Référence : carr684
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Portrait d’Henri IV en Hercule terrassant l’Hydre de Lerne.
Atelier de Toussaint Dubreuil

Dominique Cordellier, conservateur en chef au département des Arts graphiques du musée du Louvre et commissaire de l’exposition évoque pour nous ce Toussaint Dubreuil, grand maître du dessin mais pourtant presque inconnu du grand public.

Peintre du roi sous Henri III et Henri IV, merveilleux luthiste, passionné d'équitation, capable de jouter à la lance à la perfection, Toussaint Dubreuil, fils de sellier, a des manières de fils de famille.

Ses contemporains, ceux qui l'apprécient, parlent de ses « beaux tableaux » et l'estiment « singulier dans son art ». Ceux qui redoutent son talent soulignent son ambition « d'invanter et peindre ansamble », comme l'avait fait Primatice à Fontainebleau.

Hyante coupant des herbes magiques


Il disparut jeune, en 1602, laissant derrière lui l'image d'un peintre « excetionnellement intelligent et savant notamment quant au dessin et aux nus ». En vingt ans, il devint le brillant héritier des artistes maniéristes en Italie (Michel-Ange, Tibaldi, Passerotti) et en France (Primatice, Nicolo dell'Abate, Antoine Caron), et le maître incontesté de la seconde école de Fontainebleau, créant en France, par la virtuosité, l'emphase et l'énergie de son dessin, l'équivalent d'un Goltzius ou d'un Cornelis van Haarlem aux Pays-Bas.

Masse de l’Ordre du Saint-esprit

À la fin de sa brève carrière, sans doute informé de la réforme artistique conduite par les Carrache à Bologne, il a su trouver une expression nouvelle, claire, éloquente, qui ouvrait la voie au classicisme français de La Hyre, Vouet et Poussin. Ce faisant, il fut à la peinture française -moins la sévérité - ce que Malherbe fut à la poésie. Avec une grande subtilité, Toussaint Dubreuil fut capable, en effet, d'osciller entre la profusion enthousiaste et les réserves de la clarté. Le Grand Siècle s'ouvrait !

- Exposition Toussaint Dubreuil, premier peintre de Henri IV jusqu’au 21 juin 2010

Musée du Louvre
Tél : 01 40 20 53 17

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