Le capitalisme idéal selon Nicolas Bouzou

Entretien avec Jean-Louis Chambon
Avec Jean-Louis Chambon
journaliste

Un capitalisme idéal avec le bonheur en plus ? C’est la recherche de Nicolas Bouzou, dans son ouvrage, Le capitalisme idéal, riche voyage à travers l’histoire de l’économie. Dans cette émission, il s’est entretenu avec Jean-Louis Chambon de cette nouvelle parution qui vient confirmer, s’il était nécessaire, son talent de pédagogue, doublé d’un sens aigu de la concision.

Émission proposée par : Jean-Louis Chambon
Référence : pag765
Télécharger l’émission (22.76 Mo)

On connaissait l’économiste et le financier, le chroniqueur médiatique, on découvre avec plaisir « l’honnête homme » (au sens du XVIIIème siècle) qui puise ses réflexions à la source d’une large culture :
un voyage à la recherche du capitalisme idéal, à travers l’histoire dans le temps et l’espace, de l’Amérique précolombienne en passant par le Moyen Âge français pour en tirer des enseignements, enrichis de l’expérience avérée du jeune chef d’entreprise et de ses responsabilités.

C’est cette caractéristique qui apporte d’ailleurs à l’analyse de Nicolas Bouzou une dimension supplémentaire qu’il partage avec cette génération de jeunes économistes - au rang desquels, Philippe Dessertine, Pierre Sabatier, Jean-Pierre Petit, Pascal Blanqué et bien d’autres -, celle de la responsabilité, c'est-à-dire une approche pragmatique qui s’éloigne des débats convenus en recherche de justification sur le double axe de l’ultra-libéralisme et du socialisme.

Le Capitalisme idéal, que Nicolas Bouzou appelle de ses vœux, sera, il en a la conviction, construit par sa génération ; c’est son « devoir moral ». Elle le fera à partir d’une certitude : le capitalisme a gagné et « c’est vraiment la fin de l’histoire. » N’en déplaise aux caciques intellectuels qui voyaient dans la crise une opportunité de retour à la théorie socialiste, même si reste en suspens l’énigme chinoise de l’économie socialiste de marché…

Pour l’auteur, il faut améliorer « le capitalisme par le capitalisme » et lui donner « du corps et de l’esprit » - au sens de F. Fukuyama - : une analyse sans concession des « joies et misères du capitalisme » avec des éléments de réponse pour réconcilier l’efficacité économique et le sens moral ouvrant la voie à « une troisième révolution industrielle ». Les grands défis du capitalisme ont pour nom, la santé, l’écologie et l’eau. L’auteur met en scène « une tragédie des biens communs » qui selon Garett Hardin, veut que sans droits de propriété, la consommation progresse plus vite que la production : exemple de la pêche et de la forêt.

« Si le capitalisme est un système imparfait, il n’en est que plus perfectible : le capitalisme idéal est à portée de main, il sera plus féminin, plus sobre, un capitalisme de la raison avec plus de solidarité, de justice et d’innovation, ce qui suppose avant tout de nous changer nous-mêmes ».

Un grand moment d'optimisme et de bon sens qui vient à point nommé pour éclairer l’avenir d’une planète en proie au doute et épuisée par la crise de 2008 – 2009.

Nicolas Bouzou, Le Capitalisme idéal, Editions Eyrolles, 115 pages.

Cela peut vous intéresser