Affaires internationales : le président russe, l’Irak et la Grèce, l’actualité de mars 2010

Thierry de Montbrial et François d’Orcival, de l’Académie des sciences morales et politiques
François d’ORCIVAL
Avec François d’ORCIVAL
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Thierry de Montbrial et François d’Orcival se concentrent sur trois événements majeurs : la visite officielle à Paris du président russe Dmitri Medvedev et sa signification ; les élections en Irak et l’évolution de la situation en Afghanistan ; la question de la dette grecque et de la solidarité européenne.

Cette émission a été enregistrée le 15 mars 2010.

Dmitri Medvedev est donc venu à Paris pour une visite de trois jours ; il y sera suivi en juin par Vladimir Poutine, profitant de l’année France Russie. Au-delà, il est question d’un partenariat stratégique entre les pays. Paris et Moscou ont même ouvert des discussions exclusives pour la livraison à la marine russe de quatre bâtiments porte-hélicoptères du type Mistral.

François d’Orcival pose la question : maintenant que la France est pleinement membre de l’Otan, ne retourne-t-elle pas à ses réflexes anciens de vouloir jouer un rôle d’intermédiaire entre l’Est et l’Ouest ?

A quoi Thierry de Montbrial répond par deux remarques : la première est qu’il est des permanences dans la diplomatie d’un pays, tant pour des raisons historiques que géographiques ou stratégiques ; la seconde est que, malgré des préventions qui datent de la guerre froide, la Russie doit désormais être considérée comme un partenaire, ou bien on continuera de créer des sources de frictions là où l’on a besoin d’ententes – et notamment dans le traitement des dossiers iranien ou afghan.
Devant l’absence d’effort en matière de crédits militaires des Européens, les Etats-Unis ne seraient-ils pas un jour tentés de se retirer de l’Otan ? Je ne le crois pas une seconde, réplique Montbrial, car ce déséquilibre entre les dépenses militaires des uns et des autres n’est pas un fait nouveau, et que d’autre part, l’Otan est pour l’Amérique son premier moyen d’influence politique et stratégique.

Elections en Irak

Le fait que les Irakiens soient allés voter, avec un fort taux de participation, n’est-ce pas la défaite de l’intimidation par les bombes ? Que les alliés de l’Otan et les forces afghanes conduisent des opérations d’envergure avec succès dans des provinces abandonnées aux talibans, n’y-a-t-il pas là aussi un tournant dans ce conflit ? « Ce sont des signes positifs, dit Montbrial, et il, vaut mieux cela que l’inverse. Mais je reste prudent. En Irak, il ne faudrait pas que le calendrier de retrait des forces américaines s’affaiblisse les progrès politiques ; quant à l’Afghanistan, la question n’est pas de tenir les routes et de laisser le reste aux talibans, c’est une mission de longue haleine… »

Les finances de la Grèce

En Europe, c’est la situation des finances publiques grecques qui domine tout. Elle met en cause la solidarité européenne. Elle peut avoir un « effet domino » sur les autres pays très endettés. L’opinion publique allemande est hostile à toute aide directe. Que faire ? Thierry de Montbrial estime que d’une manière ou d’une autre, la solidarité jouera, précisément parce que l’acquis capital de la constitution des institutions européennes est la monnaie unique, l’euro.

A ce propos, François d’Orcival rappelle que le créateur de l’euro, Jean-Claude Trichet, président de la banque centrale européenne, a été élu au fauteuil de Pierre Messmer à l’académie des Sciences morales et politiques.

A propos de Thierry de Montbrial :

Thierry de Montbrial dirige l'Institut français des relations internationales (Ifri) qu'il a fondé en 1979. Il est membre de l'Académie des sciences morales et politiques de l'Institut de France. Il est également fondateur et président de la World Policy Conference.

A propos de François d'Orcival :

Outre le journaliste bien connu de "Valeurs Actuelles" -dont il est président du comité éditorial - et du Figaro Magazine, ou même de LCI, François d’Orcival a été élu par ses pairs de tous les bords politiques, dès 1998, Président du Syndicat professionnel de la presse magazine et d’opinion (SPPMO). Il le reste depuis plus de dix ans !

Le Roman de l'Elysée : De la Pompadour à Nicolas Sarkozy, 2007, François d'Orcival, ed. du Rocher, 451 pages.

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