Le génie des lieux, le credo du géographe Jean-Robert Pitte

Membre de l’Académie des sciences morales et politiques
Avec Hélène Renard
journaliste

Jean-Robert Pitte a publié Le génie des lieux, un petit livret qui se présente tel un credo et qui résume quelques-unes de ses convictions de géographe : certains lieux sont habités par l’Esprit, le ciel ne va pas nous tomber sur la tête, et il faut cultiver la diversité !

Émission proposée par : Hélène Renard
Référence : ecl635
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L'ouvrage Le génie des lieux, loin de se présenter comme un énorme volume consacré à la géographie, offre au contraire au lecteur un manuel de petite taille -4 chapitres et 60 pages- mais animé de grandes convictions ! Dont certaines sont à contre-courant des idées actuellement propagées...

Premier article de ce credo : "je crois en l’Esprit, en l’esprit des lieux".

- A titre d'exemple, notre invité explique comment deux lieux du Japon sont tout particulièrement habités par l’esprit : le palais impérial de Tokyo au sein duquel l'empereur symbolise le soleil levant ; Ise, autre haut lieu de la culture japonaise où le temple à la déesse Amaterasu est régulièrement reconstruit. Car le Japon n'est pas un pays matérialiste mais bien spiritualiste (où Jean-Robert Pitte se rend souvent, depuis plus de trente ans).

Jean-Robert Pitte

Deuxième article de ce credo : "je crois que le ciel ne va pas nous tomber sur la tête".

Jean-Robert Pitte développe l'idée qu'au-delà de tout système de valeurs religieuses ou philosophiques, il y a grand intérêt à retrouver une capacité d’émerveillement, la symbiose avec notre environnement, lequel est pétri de matière minérale et de vie végétale, animale et humaine. Il ne s’agit pas pour autant de le diviniser, comme c’est aujourd’hui, la mode, en ces temps millénaristes d’invention d’une nouvelle religion craintive. "En écoutant certains gourous de l’écologie sectaire, dit-il, aveuglément suivis par des politiciens qui ont remplacé l’art de gouverner par le principe de précaution, le ciel n’est pas loin de nous tomber sur la tête… Notre invité s'inscrit en faux contre cette religion de la peur. Selon lui, il ne convient nullement de créer de frontière entre l’Homme et le reste de la nature. Il faut même s’interdire d’utiliser l’expression « l’Homme et la Nature », puisqu’ils ne font qu’un. "C’est ce que les dévôts de la nouvelle religion écologique n’ont pas compris, déplore-t-il, tout en jurant leurs grands dieux du contraire ».

Troisième article du credo : "je crois que la géographie et les géographes sont utiles à la société".

- « Nous autres géographes n’avons donc qu’une fonction et j’oserais dire, qu’une seule utilité : révéler le génie des lieux afin d’aider les Hommes à trouver l’harmonie avec eux-mêmes et avec leurs contemporains en quelque lieu qu’ils se trouvent ».

A quoi sert la géographie ? A apprendre le sens des responsabilités vis- à-vis de l’environnement plutôt que la peur ou le respect pseudo mystique des processus qui le régissent, à mieux comprendre l'autre et l'ailleurs, à apprivoiser la mondialisation.

Quatrième article du credo : "je crois en la diversité"

Elle ne s'oppose pas à la mondialisation. Car l'intelligence humaine a besoin de variété, de diversité, de créativité.

- « Eviter le passe-partout et donner une personnalité inspirée du lieu d’où elle provient à toute production humaine n’est pas une utopie. C’est le seul moyen d’échapper à l’inhumaine loi des économies d’échelles et de profiter intelligemment de la mondialisation »

Pour terminer cette émission, on ne peut que citer la conclusion de l'opuscule de Jean-Robert Pitte : "Rechercher, cultiver la diversité en toutes choses est non seulement le meilleur moyen d’enrichir les échanges entre les Hommes et donc le meilleur usage possible de la mondialisation galopante. C’est en outre le plus sûr moyen de réenchanter le monde ».

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- La géographie, une science pour mieux habiter la planète !
- Frontières naturelles, frontières politiques, le point de vue du géographe Jean-Robert Pitte
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