Mères porteuses, la réflexion éthique de Sylviane Agacinski sur la Gestation Pour Autrui

Entretien avec la philosophe, auteur de Le corps en miettes reçue par Annet Sauty de Chalon
Avec Annet Sauty de Chalon
journaliste

En philosophe, Sylviane Agacinski s’interroge sur la Gestation Pour Autrui (GPA), notamment parce que le public, déjà habitué à la contraception et à l’avortement, ne sait plus très bien quoi en penser.
Elle voit dans les "mères porteuses" une dérive possible vers une forme d’esclavage moderne et une tragique réification du corps féminin. Une prise de position ferme dans les débats éthiques.

Émission proposée par : Annet Sauty de Chalon
Référence : ecl606
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_ À lui seul, le titre du dernier essai de Sylviane Agacinski, Corps en miettes, illustre la condition que notre avenir réserve à toutes les femmes qui se croient émancipées. Appuyé sur le bras de la technique, le marché promet de s’emparer d’elles par le biais d’une pratique apparemment généreuse, celle de la Gestation Pour Autrui (GPA).

Philosophe, spécialiste de la « politique des sexes », Sylviane Agacinski prend la pleine mesure de toutes les conséquences qu’entraînerait la légalisation des « mères porteuses ». Si les lois bioéthiques écartent pour le moment cette perspective, l’opinion ne sait pas très bien où elle en est : déjà habituées à la contraception et à l’avortement – les mentalités sont partagées face à la GPA : si notre instinct assimile cette technique à une transgression, la loi du « si je veux, quand je veux », répondant à la logique marchande du « droit à tout, tout de suite et à tout prix », fait tomber bien des barrières morales, ou du moins atténue nettement notre répulsion première.

C’est là que Sylviane Agacinski se montre fort éclairante : développant une réflexion à la fois vaste et profonde sur le statut d'être humain, elle opère un parallèle constant entre la GPA et la prostitution (sans oublier la pornographie), mettant au cœur de son propos les notions de consentement et de don de soi. Que signifient-elles précisément, y compris au regard du droit ? Pour Sylviane Agacinski, légaliser les mères porteuses risquerait de renvoyer nos sociétés à des formes d’esclavage dont les dénominateurs communs sont l’argent et l’exploitation infinie de l’autre.

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