La Fondation Alexandre Onassis

Mécénat ambitieux pour les sciences humaines, une interview d’Antoine Papadimitriou
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

La Fondation Alexandre Onassis soutient des projets ayant un lien concret avec la Grèce ou la civilisation hellénique. Conformément aux volontés de son fondateur, le célèbre armateur grec Aristote Onassis, la fondation qui porte le nom de son fils, attribue également des Prix internationaux depuis sa création en 1975. Cette année, en 2009, associée à l’Institut de France, elle franchit le cap d’un mécénat de grande ambition à la hauteur des Prix Nobel, en créant deux nouveaux prix pour le Droit et pour les Belles-Lettres : entretien avec Antoine Papadimitriou, président de la Fondation.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : pdm538
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Antoine S. Papadimitriou, président de la Fondation d’intérêt public Alexandre Onassis

Cette interview a été réalisée par téléphone.

La Fondation d'intérêt public Alexandre Onassis a 35 ans, un âge raisonnable pour une fondation, une renommée assurée. Sur le plan financier, en 2006, les fonds de la Fondation étaient au moins cinq fois supérieurs à ceux légués en 1975 par Aristote Onassis. Depuis 1978, elle décerne des prix d'envergure internationale, en plus de ses multiples activités sur le sol grec. La Fondation investit dans des centres de recherches, des centres d'art, des bibliothèques, en médecine. Elle possède même un hôpital. Jusqu'à présent, elle avait honoré des personnalités du monde du spectacle ou quelques figures du monde des lettres et de la politique telles que Jacqueline de Romilly, Βoutros Boutros Galli, Valery Giscard d’Estaing. L’an dernier, en octobre 2008, elle s’est associée à l’Institut de France pour sa longue expérience de la gestion des dons, des legs et des fondations depuis le Siècle des Lumières, dans l'idée de restructurer ses prix internationaux. De plus, les deux institutions partagent une conception commune du mécénat.

Deux nouveaux prix internationaux, l'un pour le droit, l'autre pour les belles-lettres viennent d'être créés pour récompenser des universitaires, des penseurs, ou des personnalités éminentes ayant contribué de manière essentielle à enrichir le patrimoine de l’humanité, presque à la hauteur des prix Nobel. La création du Prix Onassis pour le droit est née de la conviction que le droit est certes un lien entre les sociétés indispensable à l'économie, à la protection de l'environnement et à la défense des droits de l'homme mais il est aussi le plus sûr moyen d'améliorer les contacts et la compréhension entre les peuples. «L'initiative de la création du Prix Onassis pour les belles-lettres repose sur l'assurance que les idéaux et les savoirs qui imprègnent le patrimoine commun de l'humanité sont fondés sur la civilisation hellénique, qu'il nous importe de faire rayonner» selon les mots d'Antoine Papadimitriou, le président de la Fondation Onassis, prononcés le 28 octobre 2008, à l'Institut de France. Le montant des prix entend encourager le droit et les sciences humaines et valoriser l'héritage culturel commun. Cette démarche va à contre-courant de la tendance actuelle qui favorise aujourd'hui, plutôt les sciences exactes dans la distribution de grands prix.

- Le lauréat pour le Prix Onassis International de Droit ( 250 000 Euros) pour l’année 2009 est Lord Thomas Bingham. Il fut premier Premier juge à la chambre des Lords. Ce juriste de grande envergure a œuvré pour instaurer une nouvelle cour suprême du Royaume–Uni, qui vit le jour en 2005 avec la Loi de Réforme de la constitution du Royaume-Uni en 2005. La cour suprême au Royaume-Uni depuis le 1er octobre 2009 a son siège à Middlesex Guildhall à Londres. Elle a remplacé la Chambre des Lords dans ces fonctions en tant qu'instance judiciaire la plus haute du pays.
En 2005, la Reine l’avait nommé Chevalier de la Jarretière, un honneur tout particulier, le plus grand qui soit au Royaume Uni.

- Le Prix international Onassis pour les Belles–Lettres, le second de ces grands prix créés en 2009, récompense une personnalité ayant œuvré pour le patrimoine commun de l’humanité dans le domaine de l’archéologie, de l’histoire, de la philologie et des belles-lettres. En 2009, il est attribué conjointement, à Sir John Boardman et Jean-Yves Empereur.

Sir John Boardman, s'est particulièrement intéressé au domaine de l’archéologie classique minoenne, mycénienne, ainsi qu'à la période proto-hellénique. Il a apporté une contribution essentielle dans l'étude des sceaux, des bijoux, de la céramique et de la sculpture grecque antique. Cette haute personnalité du monde scientifique, grand spécialiste de l'histoire de l'art, a également étudié la diaspora des Grecs de l’antiquité et leurs rapports aux autres peuples. L'archéologue Sir John Boardman a mené des fouilles à Smyrne, à Mytilène, en Crète, en Lybie. Il est surtout l'organisateur d'une base de données unique pour la céramique grecque à Oxford.

Jean-Yves Empereur, archéologue français de 57 ans de notoriété mondiale grâce à ses découvertes à Alexandrie, est co-lauréat du Prix international Onassis pour les Belles-lettres. On lui doit la découverte des vestiges du phare d’Alexandrie, considéré comme l’une de sept merveilles du monde, la restauration de mosaïques alexandrines, telle que la figuration du masque de Méduse. Il a fondé le centre d'études alexandrines, le CEAlex chargé d'étudier le rayonnement de l’hellénisme, dans l’antiquité et par delà les âges, dans le cadre exceptionnel de la cité d’Alexandrie. Jean-Yves Empereur, chercheur en activité concentre ses travaux actuels sur la mise à jour des traces archéologiques de l'Alexandrie macédonienne ainsi que celles des Ptolémées qui voulaient créer une civilisation qui rapprochent les Grecs et les Egyptiens. Jean-Yves Empereur démontre par ses travaux l'influence culturelle considérable de la cité d'Alexandrie, grande capitale hellénistique de la Méditerranée orientale.

Ces 2 prix, créés en 2008 sont remis sous la Coupole de l’Institut de France, le 14 décembre 2009, un lieu symbolique, un honneur qui scelle le rapprochement des deux institutions. L'Institut de France, l'Académie de sciences morales et politiques, accompagnés deux personnalités extérieures de stature internationale, Mads Andeas de l'université de Leicester d'Oxford et d'Oslo et Jörg Fedtke de l'University College de Londres, se sont profondément impliqués dans l'étude des candidats au Prix international Onassis pour le droit. A noter parmi les noms des membres du comité de sélection : Gabriel de Broglie, Antoine S. Papadimitriou, Basile Markenisis, Gibert Guillaume, Pierre Mazeaud, Alain Plantey, François Terré. Le comité de sélection pour le Prix Onassis pour les Belles-lettres est composé des membres de droit, Gabriel de Broglie chancelier de l'Institut, Antoine Papadimitriou président de la Fondation d'intérêt public Alexander Onassis, Sir Basile Markesinis, mais aussi de membres de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, de membres de l'Académie française ainsi que des personnalités extérieures. Parmi eux : Jean Leclant, Jacques Jouanna, Juliette de la Genière, André Laronde, Hélène Carrère d'Encausse, Michel Déon, Jean d'Ormesson.

Ecoutez la retransmission de la cérémonie de remise de ces prix : Première remise des prix internationaux Alexandre Onassis pour le Droit et les Belles-Lettres

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- Institut de France
- Fondation d'intérêt public Alexander Onassis

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