Jean Cortot et William Blake : passion commune pour la poésie, la peinture et les livres

L’admiration de Jean Cortot pour l’œuvre de William Blake
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Même si deux siècles séparent l’œuvre de William Blake de la peinture de Jean Cortot, les deux artistes partagent le sens et le respect des grands textes de Dante, Chaucer, Milton, Voltaire. Un diptyque de Cortot terminait l’exposition à Paris consacrée à Blake. L’artiste dit ici son admiration pour ce génie visionnaire, ce frère en poésie et en peinture.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : carr612
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Dans le cadre de l'exposition sur William Blake qui s'est tenue à Paris, en 2009, deux œuvres contemporaines ponctuaient la fin du parcours de l'exposition : l'une de Jean Cortot, l'autre de Francis Bacon. Jean Cortot parle de cet honneur qui lui est fait, lui qui a rendu hommage dans sa peinture à l'œuvre de Blake.

L’Europe prophétie : l’ancêtre des jours, 1794, eau-forte en relief de William Blake, University of Manchester
© 2006 Whitworth Art Gallery

L’exposition du Petit Palais à Paris, William Blake, le génie visionnaire du romantisme anglais , première rétrospective consacrée en France à l'artiste, a regroupé quelques cent cinquante dessins, gravures, enluminures, livres et aquarelles exceptionnellement prêtés par les principaux musées britanniques, d'avril à juin 2009.

Elle s’achevait par une évocation de la postérité artistique de Blake, avec notamment le portrait de William Blake par Francis Bacon, un diptyque de Jean Cortot, la projection d’extraits du film Dead Man de Jim Jarmusch où un personnage-clef porte son nom et deux enregistrements sonores de Patti Smith My Blakean Year and The Augurs of Innocence. On sait davantage que Blake a influencé les préraphaélites et les surréalistes, non présentés dans ce trop court volet de l'exposition. L'accent final de ce parcours scénographique entendait présenter au public des correspondances plus contemporaines.

Daniel Marchesseau, conservateur général du Patrimoine, directeur du musée de la vie romantique à Paris a, en effet, sollicité Jean Cortot pour que soit exposée dans le cadre final de cette rétrospective, l'une de ses œuvres en lien avec William Blake. Ainsi le diptyque de Jean Cortot, de la série Huit variations en hommage à William Blake (1988-89 n°160 et 162), apportait, une touche, un regard contemporain sur William Blake, à la fin de cette exposition.

Jean Cortot a découvert la poésie de Blake par le recueil Song of Experience (1794), dès son plus jeune âge, par un bel exemplaire sur papier japon que sa mère lui avait offert. L'artiste a rendu divers hommages à William Blake. Il a consacré au poète un de ses grands tableaux dédiés et cette série de trente-deux variations graphiques et chromatiques sur de grandes feuilles format Jésus à partir de Songs of experience dont un exemple était présenté au public, au Petit Palais.

Dans ce court entretien, Jean Cortot dit son admiration pour l'œuvre singulière de William Blake, peintre, graveur, poète, dont la force et l'extrême solitude de son vivant l'interrogent. Par élégante modestie, Jean Cortot se garde de dire combien littérature, poésie et philosophie ont nourri leur art, à l'un comme à l'autre; les grands noms de la littérature qu'ils ont aimés l'un et l'autre illustrer pour mieux les écrire dans leurs œuvres graphiques, à quelques deux siècles d'intervalle.

Jean Cortot, Eloge de William BLake I, II, 1988-1989
© Adagp, Paris 2009


En savoir plus

- Jean Cortot de l'Académie des beaux-arts

- Severo Sardy, Jean Cortot, Maeght Éditeur, 1992
- Pierre Cabanne, Jean Cortot, L'Œil, tiré à part, 1993
- Michel Déon, Jean Cortot, Jeux de miroirs, Fata Morgana
- Jean Cortot, Livres, Maeght Éditeur, 1995
- Jean Cortot, Tableaux dédiés, 1993

Sur ce sujet, écoutez sur Canal Académie nos émissions :
-Jean Cortot, peintre et poète
-William Blake, le génie visionnaire du Romantisme anglais
-William Blake in Paris – a real event

La Pitié, vers 1795 estampe en couleurs réhaussée à l’aquarelle de William Blake
©Tate, Londres, 2008

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