Jean Salençon, membre de l’Académie des sciences : Les alternatives énergétiques dans les décennies à venir

Présentation de sa conférence inaugurale à l’Ecole des Ponts ParisTech le 27 août 2009
Jean SALENCON
Avec Jean SALENCON
Membre de l'Académie des sciences

« Les alternatives énergétiques dans les décennies à venir », tel est le titre de la conférence de Jean Salençon, membre de l’Académie des sciences, donnée le 27 août 2009 à l’Ecole des Ponts ParisTech, dans le cadre des conférences inaugurales. Il présente ici, en avant-première, les grands axes de sa communication. Le mix énergétique est une réalité. Avec les mines de charbon et les poches de pétroles qui diminuent, il est primordial de développer des énergies renouvelables, qui plus est « vertes ». Même si cette solution ne répond pas encore au problème essentiel des transports, il apporte un début de réponse.

Qu’ils s’agissent de pays industrialisés ou émergents, une grande partie du système économique fonctionne jusqu’à présent avec des énergies à bas coût. Il devient urgent de développer des énergies de substitution, « vertes » et renouvelables.

L’exemple de la Chine

Avec une croissance qui bat tous les records depuis treize ans (11,4 % en 2007),il n'est pas étonnant d’observer la construction de 5000 km de routes par an, et l’ouverture en moyenne d’une centrale nucléaire par semaine !
Pourtant, le 4 août 2008, à l’approche des Jeux Olympiques, la Chine votait une loi de conservation de l’énergie pour recentrer l’équipement industriel. Le FFEM a assisté des équipes de conception chinoises en leur fournissant les conseils d’architectes et de thermiciens français.
Précision de l’Ambassade de France en Chine : « des constructions de logements collectifs économes en énergie ont ainsi été réalisées dans le Heilongjiang, dans le Liaoning, ainsi qu’à Beijing. Le FFEM (Fonds français pour l’environnement mondial) a l’intention de poursuivre ses activités an Chine en s’attaquant à la réhabilitation de logements collectifs et d’habitations rurales ».

Comme le précise Jean Salençon, « les alternatives énergétiques ne s’adressent pas qu’aux pays riches. Les pays émergent et/ou en voie de développement auront bénéficié des premières expériences ».

Le transport de l’énergie

Un des points essentiels pour Jean Salençon consiste à travailler sur le transport énergétique.
Actuellement, il existe beaucoup de situations absurdes où l’on refroidit le gaz naturel pour le transporter, avant de le réchauffer une fois arrivé sur place : refroidir et réchauffer, deux actions qui nécessitent de l’énergie…

L’avenir : le mix énergétique

Tout le monde est d’accord sur ce point : le futur, c’est le mix énergétique.
Utiliser le charbon, le pétrole, le gaz, reste malheureusement inévitable, surtout dans le domaine des transports, même à l’horizon 2050. En attendant, il est nécessaire de varier nos énergies dans notre consommation quotidienne.
Il s’agit des énergies « vertes » telles que le solaire (les Allemands sont pionniers en la matière), l’éolien, et la biomasse. Les recherches doivent se poursuivre en matière de biocarburants de deuxième génération.

« Il serait utile d’accentuer également la recherche sur la géothermie » ajoute Jean Salençon. « Ce système pourrait être intéressant du côté des Antilles et de la Réunion ».

Centrale géothermique. Des gens se baignent autour d’une centrale géothermique en Islande.
© UNESCO \/ Testut, A.

A terme, nous serons certainement amenés à développer les systèmes de batteries. La recherche doit poursuivre dans l’allongement de la durée de vie de ses nouvelles sources d’énergies et réduire leur pollution en exploitant de nouveaux matériaux.

Le marché de l’énergie

Ces énergies s’inscrivent dans le cadre de l’offre et de la demande, sur un marché qui se fait à trois niveaux
- « une demande de base » : la demande habituelle du consommateur est gérée par l’énergie nucléaire, les centrales thermiques et hydrauliques
- « les variations par rapport à la demande de base », en cas de demande d’énergie soudaine : de même, on retrouve les centrales thermiques hydrauliques et le nucléaire
- « celle du lendemain » : il s’agit d’énergies d’appoints sur lesquelles on peut compter dessus ponctuellement : on retrouve les énergies renouvelables (à ce jour, une éolienne est efficace à 25%).

On retrouve dans cette structure l’importance du « mix énergétique ».

Pour contrer la pollution au CO2 (pour rappel, étaient rejetées quelques 37 giga tonnes de CO2 dans l’atmosphère en 2007), une des solutions consisterait à stocker le gaz carbonique sous terre.

Pour en savoir plus, nous vous invitons à télécharger l’émission suivante : Capturer et stocker le CO2 sous terre, et à écouter la retransmission d’un colloque de l’Académie des sciences qui avait lieu en juin 2009 :
- Comment capturer le CO2 émis dans l’atmosphère, par Claude Allègre (1/3)
- Stocker le CO2 sous terre en lieu sûr (2/3)
- Où stocker le CO2 ?(3/3)

Jean Salençon, président de l’Académie des sciences pour l’année 2009-2010
© Académie des sciences \/ Brigitte Eymann

Ingénieur général honoraire des Ponts et Chaussées, professeur honoraire à l'École polytechnique et à l'École nationale des Ponts et Chaussées, Jean Salençon est entré correspondant à l'Académie des sciences en 1980, avant devenir membre en 1988, puis président de l'Académie pour les années 2009-2010.

En savoir plus sur les conférences des Ponts ParisTech :

Canal Académie retransmettra prochainement les conférences inaugurales des Ponts et Chaussées de la rentrée 2009.
Retrouvez la totalité du programme sur le site de l'Ecole des Ponts ParisTech

- Jean Salençon, membre de l'Académie des sciences depuis 1988, président de cette Académie pour l'année 2009-2010
- Jean Salençon sur Canal Académie

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