Ecrivains français en Italie : Lamartine (7)

avec Giovanni Dotoli, de l’Université de Bari
Alphonse de LAMARTINE
Avec Alphonse de LAMARTINE de l’Académie française,

Lamartine ne fut pas seulement fasciné par l’Italie : il la considérait comme sa patrie d’adoption. C’est en 1811 qu’il se rendit pour la première fois sur "cette terre de sensations". Son roman Graziella traduit l’amour qu’il éprouva, non seulement pour cette fille de pêcheur mais surtout pour la beauté du golfe de Naples.

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Alphonse Lamartine (1790-1869)

C’est de l’Italie et de la relation que l’académicien Alphonse de Lamartine entretenait avec ce pays, dont il est question dans cette émission en compagnie de Giovanni Dotoli, professeur de langue et de littérature françaises à l’université de Bari, qui a consacré un livre aux voyageurs français en Italie, intitulé Le Jardin d’Italie paru aux éditions Honoré Champion en 2008.

Parmi les voyageurs français célèbres qui furent fascinés par l’Italie, il faudrait en citer d’innombrables, de Chateaubriand à Flaubert, de Stendhal à Yves Bonnefoy, de Cocteau à Paul Morand, et parmi nos académiciens actuels, Pierre-Jean Rémy et Dominique Fernandez. On ne peut les citer tous. Ici, avec Giovanni Dotoli, est évoqué Lamartine.

Petit rappel : il est né à Mâcon en 1790, il a été élu à l’Académie française, au fauteuil n°7, en 1829, après plusieurs tentatives sans succès. Quand il fut académicien, il soutint les candidatures de Victor Hugo, d’Alfred de Vigny –qui furent élus- et celle de Balzac qui ne le fut pas !

Lamartine, on le sait, fut officier, diplomate, poète renommé, mais aussi historien, romancier, orateur brillant et populaire, homme politique qui exerça de hautes fonctions, bref, le début du XIXe siècle a dû compter avec lui. S’il voyagea en Italie, il effectua aussi des voyages en Europe et en Orient. Il fut député en 1833 et ministre des Affaires étrangères en 1848.

Il a tout juste 21 ans lorsqu'il se rend en Italie pour la première fois. Par la suite, il y retournera plusieurs fois, tant par amour de ce pays que par obligations professionnelles, en tant que secrétaire d'ambassade au Royaume de Naples (qui, à l'époque, n'était pas encore intégré à l'Italie). Par ailleurs, son épouse anglaise, Florence, avait également une mission auprès du duc de Toscane.

C'est dans son Cours familier de littérature (paru en 1850) que l'on peut lire les plus belles pages de Lamartine sur l'Italie. Si aucun titre dans son œuvre ne comporte réellement le mot Italie, sa passion pour ce pays s'exprime partout. Mais en particulier dans le roman Graziella. Raphaël qui est un éloge de la beauté italienne, celle des femmes (il avait rencontré sur la plage une fille de pêcheur dont il tomba amoureux) et celle des paysages. Il voit l'Italie comme la terre de l'amour et du bonheur :
A Naples..., à l'œil, cela a l'air du salon de l'Europe, mais ce sont les rues qui font salon. Je passe ma vie à la fenêtre, à voir la mer, les montagnes, les arbres, les vaisseaux, la lune et le ciel, et les équipages sans nombre des promeneurs de Chiaja. (Correspondance de Lamartine, publiée par Mme Valentine de Lamartine, Paris, 4 vol. 1881, cité par G. Dotoli, page 141).

Passer les Alpes est pour lui l'équivalent de passer de la froideur à l'ivresse. Mes sens sont italiens écrira-t-il tant l'Italie est sa patrie d'adoption. Il le dit avec beaucoup d'enthousiasme : Comment n'aurai-je pas aimé l'Italie ... son génie en tous genres.

Je me souviens de ma descente sur Turin, par les sommets et par les pentes du Mont Cenis, où je croyais franchir les barrières du Vieux Monde ; puis la traversée en poste, la nuit, des immenses plaines festonnées de pampres enguirlandés aux érables entre Turin et Milan, m'enivrant de la beauté des femmes et de la langue sonore des hommes... Florence, un morceau de ce paradis lui-même. J'y passais plusieurs jours dans une ivresse qui ne me laissait aucun sang-froid. Enfin, j'arrivai à Livourne, au bord de cette mer étincelante de la Méditerranée, qui ajoutait l'infini visible à l'infini pensé. (cité par Dotoli, page 219).

Et Giovanni Dotoli de souligner que la rhétorique même de Lamartine, son art de la parole, est tout empreinte d'Italie, sans compter qu'il éprouvait, tout comme Stendhal, une vive admiration pour Rossini et son opéra. En 1810, il s'écrie à propos de l'ambiance italienne :
Il n'y a pas de prose dans cet air, tout y est musique, mélodie, extase ou poème; C'est sans doute pour cela que Rossini ou Mozart transportent au-delà des Alpes, dans tout l'univers, une langue de mélodies qu'aucune autre partie du monde n'a ni inventée ni entendue... (Cours familier de littérature, cité par Dotoli, page 182).

Lamartine sur le site de l’Académie française : www.academie-francaise.fr
A lire :

- La correspondance de Lamartine, éditée par Honoré Champion.

- Graziella. Raphaël, édité en Folio par Gallimard

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