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Dans A voix lue :
Que ressent une comédienne telle que Clotilde de Bayser lorsqu’elle tient le rôle principal d’une pièce comme Les Chaises de Ionesco ? Réponse dans cette émission !
L’histoire
Deux vieux, âgés de 94 et 95 ans, vivent isolés dans une maison située sur une île battue par les flots. Pour égayer leur solitude et leur amour désuet, ils remâchent inlassablement les mêmes histoires. Mais le vieil homme, auteur et penseur, détient un message universel qu’il souhaite révéler à l’humanité. Il a réuni pour ce grand jour d’éminentes personnalités du monde entier. Un orateur, spécialiste dans l’art des mots, est missionné pour traduire cette pensée. Un à un, les invités invisibles se présentent à la porte de leur demeure et viennent prendre place sur les chaises préparées pour les accueillir. Bientôt la maison est encombrée de ces fantômes auxquels vient se joindre l’Empereur en personne. Cette multitude d’absences devient un piège dont ils sont prisonniers, éloignés l’un de l’autre, aux deux confins de la scène. Submergés par ce flot de chaises vides qui ne cesse de monter, ils ne peuvent se rejoindre et se jettent chacun par une fenêtre au moment où l’orateur sourd et muet trace au tableau des hiéroglyphes illisibles.
Le comique et le tragique
Cette pièce où le drame devient cocasse confère au tragique un sens nouveau, celui de l’incapacité de communiquer.
Cette farce tragique, écrite en 1951, recèle en elle toute la complexité de la dramaturgie de l’auteur français d’origine roumaine Eugène Ionesco, et construit sur les cendres du drame bourgeois un nouveau langage théâtral. Les Chaises mettent en scène « l’absence et le vide ontologique », l’irréalité du monde, qui s’exprime dans le foisonnement obsédant de la matière. L’incompréhension du réel et son incommunicabilité se manifestent par l’angoisse inhérente à l’humanité. Ionesco réussit, par la force de ses procédés comiques, à traduire avec une concise perfection cette solitude existentielle. Son œuvre joyeusement désespérée le place en chef de file du théâtre de l’absurde, aux côtés de Beckett et de Pinter.
Ce que dit Eugène Ionesco sur sa pièce
« Le thème de la pièce, c’est l’irréalité du monde. C’est une pièce sur l’absence. Il n’y a personne autour de nous, personne dans le monde, dans un monde évanescent qui disparaît, qui doit disparaître. Où est passé le passé ? Plus rien n’est et, ce qui revient au même, plus rien ne sera. Les deux vieillards qui sont là sont presque inexistants eux-mêmes. Ils ne sont là que pour manier des chaises, des dizaines de chaises, et pas pour exprimer le vide ontologique, qui est le vrai sujet de la pièce. Ces deux vieillards sont des ratés sociaux et dérisoires mais entre eux, il y a l’amour. Et il n’y a en ce monde que deux éléments essentiels : l’amour et la mort. C’est-à-dire que l’amour peut tuer la mort. »
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