Le sol, ressource rare : engrais, épandage, déforestation, et autres menaces...

avec Jérôme Balesdent, correspondant de l’Académie d’agriculture, et Pierre Stengel de l’INRA

L’agriculture intensive et l’appauvrissement des sols, les glissements de terrains conséquences de la déforestation, et la pollution aux nitrates des eaux de surface nous ont fait prendre conscience de la fragilité du sol, de sa « non-renouvelabilité » et de l’étonnante vie qui dépend de lui. Détails en compagnie de Jérôme Balesdent et Pierre Stengel de l’INRA.

_ On l'oublie un peu trop souvent, le sol nous permet de :
- Produire les aliments
- Réguler le cycle et la qualité de l’eau
- Accumuler du carbone et limiter l’effet de serre
- Recycler les matières organiques
- Entretenir la biodiversité
- Fournir des matériaux pour la construction et l’industrie

Cette émission s'intéresse plus particulièrement au sol, espace vivant qui contribue à l’absorption de nos polluants organiques et qui fourmille de micro-organismes à cet effet.

Photo aérienne de champs cultivés dans l’Aube
© Aurélie Cottier \/ Naturimages

Aujourd'hui, l’importance de préserver la biodiversité de micro-organismes dans le sol est acquis.
Certains micro-organismes sont pathogènes, responsables de dégâts qui causent par exemple la fonte des semis, les nécroses racinaires et autres maladies vasculaires.

C'est la raison pour laquelle les cultivateurs, mais aussi les jardiniers du dimanche ont pris le parti de « désinfecter » les terres, avec des méthodes les plus souvent polluantes et dont certaines sont interdites aujourd'hui telles que le bromure de méthyle.
Mais les souches microbiennes peuvent aussi se révéler les meilleurs alliés de ces mêmes cultivateurs et jardiniers. Actuellement plusieurs souches microbiennes sont commercialisées pour une protection de la plante sans pour autant polluer le sol.

De l’importance du lombric

Par les micro-organismes qui contribuent à la croissance de plantes, on trouve le vers de terre ! Il exerce en effet une influence importante sur certains phénomènes physiques comme le transfert d’eau, de gaz et de solutés chimiques et biologiques dans le sol.

Engrais et agriculture biologique

L’azote, le phosphore et le potassium ne répondent pas totalement aux besoins des plantes et tous deviennent néfastes en trop grande quantité.
Tout est question de dosage : il ne faut pas donner plus que ce que le sol peut assimiler. Mais la tentation est grande lorsqu'on assiste à une baisse des rendements.

Avec l'agriculture biologique, les sols sont initialement plus riches en matières organiques, les teneurs en azote potentiellement minéralisables sont plus élevées tandis que les teneurs en nitrates sont régulièrement plus faibles.
Mais on observe une grande diversité de système de culture en agriculture biologique. En effet, comment convertir un sol jusqu’à présent utilisé pour ces cultures « classiques » en culture biologique ?
Ne va-t-on pas petit à petit être confrontés à l'appauvrissement des sols ?

L'épandage : un fertilisant à exploiter avec modération

Les épandages de lisiers de porcs en Bretagne sont responsables de plus en plus des problèmes de pollution des nappes phréatiques aux nitrates. Des problèmes de toxicité sont à craindre à la fin du siècle.

Les épandages sont-ils un risque pour notre santé ?
La question demeure lorsque l'on sait que les boues contiennent des pesticides mais aussi des hormones stéroïdes. Les composants les plus persistants sont toujours présents dans le sol après 30 ans.

Quant aux PRO (boue, compost de boue, compost de bio déchets, fumier et fumier composté), ils ne semblent pas présenter de risques à court et moyen terme, s'ils sont utilisés de manière réglementaire. Les effets à long termes restent à évaluer.
En revanche, les effets positifs sur la fertilité du sol sont avérés dès les premiers épandages.

L’épandage est réglementé depuis 1993 en France


Des plantes pour dépolluer les sols

Thlaspi perfoliatum ou tabouret des bois est une plante extrêmophile qui aime les sols particulièrement riches en métaux. Elle fait partie des plantes utilisées pour la phytoremédiation

Pour dépolluer une partie des sols, les chercheurs se penchent de plus en plus sur « la phytoremédiation ». Il s'agit de sélectionner des plantes qui vont s’attaquer aux polluants organiques, aux molécules carbonées comme les hydrocarbures lourds, les huiles de pétroles, mais aussi les substances pharmaceutiques, les solvants chlorés, les pesticides… et enfin les métaux, le plomb, le cadmium, et l'arsenic.
Les végétaux étudiées pour la phytoremédiation sont certaines algues, champignons et plantes vertes.

Écoutez Jérôme Balesdent Chef de département adjoint Environnement et agronomie à l'INRA, et Pierre Stengel directeur scientifique "Environnement, écosystèmes cultivés et naturels" à l'INRA.

Jérôme Balesdent et Pierre Stengel

En savoir plus :

Jérôme Balesdent, Chef de département adjoint Environnement et agronomie à l'INRA, chercheur au laboratoire géochimie des sols et des eaux à Aix-en-Provence où il travaille sur la matière organique des sols, correspondant à l'Académie nationale d'agriculture

Pierre Stengel, directeur scientifique "Environnement, écosystèmes cultivés et naturels" à l'INRA.

INRA, Institut national de recherche agronomique

Le sol, sous la direction de Pierre Stegnel, Laurent Bruckler et Jérôme Balesdent, éditions Quae, 2009

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