Un billet d’Australie (2) : de l’énergie et des jeux

Par Françoise Thibaut, correspondant de l’Institut
Avec Françoise THIBAUT
Correspondant

Sydney, capitale australienne, chère aux Britanniques, métropole immense, oscille entre discipline et excès. Pourquoi un tel contraste ? Un peuple fier de son identité mais non sans problèmes, un continent sauvage mais au climat souvent dangereux : Françoise Thibaut, correspondant de l’Institut, nous envoie un deuxième billet (en attendant le troisième, l’immensité le vaut bien) en provenance d’Australie !

Émission proposée par : Françoise THIBAUT
Référence : chr791
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Sydney la britannique

Sydney est une ville joyeuse, affairée, remuante, pas vraiment jolie (c’est le « site » qui est beau, pas la ville), plutôt ficelée n’importe comment, mais sympathique. Elle a l’art sans doute critiquable d’enchevêtrer les constructions les plus bizarres, sans trop se soucier du résultat. Le site des Rocks sauvegardé de justesse, garde la mémoire de l’établissement britannique, avec ses «barracks», ses austères constructions de briques sombres, ses entrepôts transformés en galeries marchandes, en hôtels parfois. Des gravures, des photographies rappellent comme ce fût dur, âpre et douloureux, accompagné d’épidémies et de misère noire. Plus haut dans le centre ville, des immeubles imposants, des banques comme des coffres forts, des horloges en Big Ben miniature, la poste centrale, le palais de justice rappellent que la reine Victoria, assise, tout en bronze, à l’angle de George street, fit de Sydney un des fleurons de son Empire : cela se voit sur les bâtiments vaniteux, en gothique victorien, construits entre 1880 et la Grande Guerre, tous datés.

La Sydney moderne s’étend à perte de vue

C’est une des métropoles les plus étalées du monde : comme Los Angelès, près de 100 kilomètres : en dehors de l’extrême centre, point de buildings : des maisons basses, avec vérandas et jardinets, de petits immeubles paisibles ; la ville est provinciale : à part quelques îlots « branchés », plus un chat dans les rues après 19 heures, sauf les jours de triomphes sportifs (ils sont nombreux). Les bistrots sont innombrables, la bière coule à flots. Sydney, finalement, ressemble beaucoup à Hong Kong, surtout depuis que les asiatiques (surtout des Japonais et de jeunes Chinois) ont investi la ville : les rues étroites, les solennels édifices publics, perdus dans les buildings modernes, la mentalité britannique, son mode de vie, le mélange des civilisations, un cosmopolitisme basé sur une réussite commune, en font un lieu socialement bouillonnant dans un cadre très particulier .

Les Australiens sont fiers de l’être mais...

Ils affichent un contentement paisible ; leur optimisme est épuisant ! L’Australie, c’est le « pays de la classe moyenne », où on n’étale pas sa fortune, où il n’y a pas de tape à l’œil ; il y a une forte discipline sociale, et encore beaucoup, partout l’esprit pionnier : on ne gâche pas, on économise l’eau, les bêtes et l’argent, on a le sens de la solidarité, de la famille, on croit en Dieu, et le samedi on fait du sport. Les « interdits » sociaux et collectifs, scrupuleusement observés, donnent le tournis aux français. Les enfants sont éduqués avec une certaine rigueur, ce qui surprend dans notre monde de l’enfant-tyran. Toutefois, tout n’est pas rose : ces mêmes enfants doivent s’accomoder de parents qui divorcent à tour de bras. Une liberté sexuelle mal comprise donne un nombre effarant de gamines enceintes à 13 voire 12 ans parfois. L’alcoolisme est un fléau constant, de même que les voitures rapides et les « loisirs violents », qui mettent de nombreux jeunes dans des fauteuils roulants.

Un continent non sans danger

L’Australie est une terre dangereuse, au climat très imprévisible ; les feux de forêts récents du Victoria, trois requins à Bondi en février, sont là pour le rappeler ; des livres très intéressants tiennent le répertoire des cyclones, des inondations, des feux, des vents de poussière, des tremblements de terre …

Les jeux contre l'ennui...

Et puis, il y a cette conscience tenaillante d’être loin : dès qu’ils ont 4 sous de côté, les Australiens se précipitent en Europe ; ils ont peur qu’on les laisse en plan, que l’on continue de les prendre pour des abrutis aux gros bras qui cavalent après leur bétail et courent après des ballons qui ne sont même pas ronds. Ils s’ennuient dans leur île où la lumière est aveuglante, le désert au bout du jardin : alors ils s’achètent des panoplies et jouent à tout ce qui se présente : le cricket est un sport national, de même que le golf. Les vieilles dames, toutes vêtues de blanc pratiquent avec sérieux d’acharnés championnats d’une pétanque toute spéciale et très australienne. Le rugby est une sorte de religion.

Mais les «Aussies» sont surtout les virtuoses du pari, les princes des lotos en tous genres, les rois des machines à sous, des pokies et gaming hall : il y en a partout, jusque dans les halls d’hôpital : il faut bien que les malades aient un peu de chance! Les Australiens parient sur tout et n‘importe quoi, la couleur de la robe de la Reine, le futur bébé d’une star de télé, le jour où la pluie reviendra, le nombre de buts marqués lors des matches. Ils sont les joueurs les plus acharnés de la planète (pire encore que les Chinois) ; c’est ici qu’a été inventé le premier Service d’Assistance pour joueurs compulsifs.

Et c'est la course !

Ils courent aussi, tout le temps, et par tous moyens : ce doit être l’immensité du pays qui veut cela : à pied, en vélo, en bateau, en piscine, en dromadaire, en avion, en voiture, en camion, en Formule 1 ; ils s’épuisent à courir … Mais leur passion profonde va aux courses de chevaux : les Australiens ont la passion du canasson, auquel ils vouent un culte inextinguible ; quelques uns des plus beaux élevages du monde sont australiens et l‘Australie est le seul pays au monde où le jour de la plus grande compétition de l’année, le Grand Prix de Melbourne (l’équivalent de notre Prix de l’Arc de Triomphe) est un jour férié dans tout le pays.

Texte de Françoise Thibaut.

Ecoutez son premier billet Billet d’Australie (1) : merci aux intrépides aviateurs !
Et ses autres impressions d'Australie :
- L’Australie et ses grandes universités
- L’Australie de l’ouest
- L’université d’Adélaïde

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