La demeure catalane du maréchal Joffre, de l’Académie française

Visite en compagnie du général Cortale, directeur du musée de Rivesaltes
Joseph JOFFRE
Avec Joseph JOFFRE de l’Académie française,

Né à Rivesaltes, le 12 janvier 1852, Joseph Joffre se révèle vite un élève brillant et entre à l’École polytechnique à 17 ans. Embrassant la carrière militaire, il choisit l’arme du génie. Il devient maréchal et entre à l’Académie française en 1918. Le général Cortale, directeur du musée Joffre à Rivesaltes, nous raconte l’homme aux yeux bleus et au franc parler. Il nous apprend que c’est Joseph Joffre lui-même qui a créé l’armée américaine ou encore installé les infrastructures de la ville d’Hanoï, au Viet Nam. De quoi revenir sur ce parcours incroyable !

Dans un coin de région catalane, non loin des Pyrénées, au nord de Perpignan se trouve Rivesaltes. C'est dans ce petit village des « rives hautes » que naît Joseph Joffre en 1852.

Comme le raconte une personnalité locale, Arthur Conte, historien et homme politique, dans son livre Joffre, (dont il a gracieusement donné le manuscrit au musée) le garçon réussit bien à l'école. Il est vite repéré par des professeurs qui encouragent ses parents à l'inscrire dans des études longues.

La famille est aisée. Le père est tonnelier, la maman s'occupe du foyer, des nombreux frères et sœurs. Entre études secondaires au lycée François Arago de Perpignan et au lycée Charlemagne à Paris, il prépare le concours d'entrée aux grandes Écoles.
Il entre comme benjamin de sa promotion à l'École polytechnique en juillet 1869 à l'âge de 17 ans. Un de ses amis dira de lui : « Il avait vraiment bon air, sous le frac, avec ses galons d'or tout neufs ». Il choisit l'arme du génie correspondant le mieux à ses capacités d'ingénieur et à son goût pour l'aventure humaine.

La vie lui sourit. Paris aussi. De son «provincialisme», il garde un franc parler, une attitude rocailleuse, un aspect physique un peu rustre. Il en jouera. Ceux qui le croient naïf, il les dupe. Sous son air dur, il est doux et humain : il saura motiver ses troupes. Sous son silence, il est rigoureux : il saura être un ingénieur minutieux.

Joseph Joffre (1852-1931) était un officier militaire français pendant la Première Guerre mondiale, responsable de la bataille de la Marne et de la stabilisation du front nord au début de la guerre. Il a été nommé maréchal de France en 1916.

Ses supérieurs applaudissent successivement ses talents du «génie», ils se battent tous pour l'avoir. Son ascension est rapide, fulgurante. Aux fortifications de Paris, il passe capitaine en Indochine pour la campagne du Tonkin (1885) qui lui fait obtenir la Légion d'Honneur. Deux ans plus tôt, en avril 1883, l'Annam avait accordé un protectorat français sur le Tonkin contre l'avis de la Chine.

Le Maréchal Galliéni (1849-1916). Joffre fut sous son commandement. Il était alors Colonel.

Nommé chef du génie à Hanoï, Joseph Joffre organise les postes de défense du Tonkin septentrional. Il tente d'améliorer les hôpitaux, d'ouvrir de nouvelles routes, des digues et des bureaux pour l'armée française... Tous ces travaux nous valent aujourd'hui encore la reconnaissance des Vietnamiens. L'hôpital de Hanoï est particulièrement réputé.

Il voyage : au Soudan français (où il crée des voies ferrées) ou encore à Madagascar (pour fortifier le port de Diego-Suarez) et accumule les titres : Colonel (sous Gallieni), directeur du génie, membre du Conseil supérieur de la Guerre, chef d'état-major de l'armée (en 1911), futur généralissime en cas de conflit.

Le général Joffre et Albert Ier, roi des Belges, automne 1914.

Il réforme, il renforce la défense du pays. Il sent les choses. Il écoute ses troupes et comprend que l'armée doit changer, se moderniser, aller de l'avant. Conscient d'une menace allemande de plus en plus pesante, il se prépare à l'attaque. C'est la bataille de la Marne (du 5 au 12 septembre 14) qui le rendra à jamais célèbre. Ses armées et ses généraux la gagnent, avec l'appui de l'armée anglaise. Ce fameux 6 septembre où Gallieni et Joffre s’entendent pour envoyer l’ordre à toutes les armées de déclencher la contre offensive, reste dans les annales de la guerre. C'est une histoire d'armes mais surtout d'hommes et de diplomatie. Le retournement de l’armée française contre les Allemands est efficace. La bataille de la Marne vient d’être remportée.

C'est la consécration suprême. Joseph Joffre est décoré de la Médaille Militaire. En 1916, il commande l'ensemble des armées françaises. Le 26 décembre 1916, il est élevé à la dignité de Maréchal.

Le maréchal Joffre aux Etats-Unis en 1916. Il est accueilli "en véritable dieu"

Extrait de l'entretien sonore sur la reconnaissance internationale du Maréchal Joffre. Il va même jusqu'à créer l’armée américaine... :

- «Après 1916, le Maréchal Joffre a son bureau à l’École militaire, il n’y reste pas inactif car tous les généraux de l’armée française viennent prendre contact pour avoir des conseils de celui qu'ils considèrent comme le plus grand d’entre eux, ce qui a été dit par le général Foch.

Début avril 1917, les États-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne. Ils ne peuvent supporter cette action contre les neutres. Mais qu’est-ce que l'armée américaine ? Un effectif pas plus fort que l'armée belge, c'est-à-dire pas plus de 100.000 hommes... Ils ne peuvent être efficaces. Le gouvernement français doit envoyer un élément de liaison aux États-Unis. Ils envoient comme chef militaire le maréchal Joffre car il est disponible et son expérience sera très utile aux Américains. Joffre qui connaissait les intentions d’utilisation des soldats américains par petit groupe ne conçoit pas l’emploi des Américains sous cette forme et, pendant qu’il traverse l’Atlantique à bord du cuirassé Lorraine II, met en place un plan de réalisation d’une armée américaine qui soit autonome et qui conviendrait à l’esprit des Américains.

Joffre à dos de mule (1916) Photo DMPA Cerod

Il soumet ce plan à Wilson qui l'accepte avec enthousiasme. Le maréchal, pendant son séjour aux États-Unis, est reçu comme un véritable dieu. Si l’armée américaine a pu être réalisée par l’instruction faite par les officiers français dans des camps en France, c’est grâce à Joseph Joffre.»

S'il contribue à faire rayonner la France, Joffre est aussi un des responsables militaires les plus controversés du XXe siècle, notamment en raison de l'emploi de la stratégie militaire de l'« offensive à outrance », extrêmement coûteuse en vies humaines, notamment lors de la bataille de Verdun, suite à laquelle il sera remplacé par le général Nivelle.

Il reste néanmoins une histoire, celle d'un incroyable parcours qui vous est racontée dans cette émission par le général Cortale. Nous parcourons au fur et à mesure la maison natale du Maréchal. Du rez-de-chaussée où se trouvaient l'écurie et l'atelier de tonnellerie et où sont évoqués la vie, la carrière du Maréchal et quelques épisodes de la grande Guerre, au premier étage composé de l'appartement familial avec le lit où naquit Joseph Joffre, son cabinet de travail, des tableaux historiques et des cadeaux de catalans du monde entier. Enfin, le deuxième étage, les combles réhabilités en mémorial de la bataille de la Marne (on y trouve un plan en relief animé et une salle de projection).

Dans la région de la Catalogne, la tramontane souffle depuis des siècles. Elle garde silencieusement mais non sans orgueil le souvenir de ses enfants qui ont fait et font la fierté de la France. Joseph Joffre en fait partie.

« Le silencieux : Joffre. Il ne dit rien mais chacun l’entend. »
Dessin de Charles Léandre paru dans<br /> Le Rire Rouge du 19 décembre 1914.


En savoir plus :

- L'homme politique et écrivain catalan Arthur Conte a gracieusement légué à la demeure-musée le manuscrit du livre Joffre écrit en 1991 et publié aux éditions Olivier Orban

- Retrouvez notre émission sur Arthur Conte Arthur Conte, un "homme libre", raconté par sa fille

Le vignoble rivesaltais

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