Les mots des religions : le cœur

par le grand rabbin Haïm Korsia, aumônier du culte israélite des armées françaises
Avec Hélène Renard
journaliste

Où trouve-t-on le mot cœur dans la Torah ? Partout ! Pour preuve, les passages cités et expliqués ici par le grand rabbin Haïm Korsia, où l’on découvre que le cœur n’est pas seulement le siège de l’émotion mais aussi celui de la décision.

Émission proposée par : Hélène Renard
Référence : tor507
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Haïm Korsia cite en araméen cette phrase « La Torah ne demande que du cœur », soulignant que le même mot désigne la Torah et la miséricorde, comme si la miséricorde de Dieu répondait à un élan du cœur de l'homme.

Pour les Juifs, dans la lecture de la Bible, il n'y a pas de solution de continuité. Lorsqu'est terminée la lecture du Pentateuque (par la mort de Moïse), est reprise celle de la Genèse. Or, la dernière lettre de la Bible et la première, placées ainsi côte à côte, forment le mot lev, c'est à dire cœur en hébreu.
L'intégralité du message biblique s'adresse donc au cœur de l'homme.
Le cœur est le siège de la décision. Il n'est pas exclusivement le siège de l'amour.

Dans l'expression « Dieu sonde les reins et les cœurs », on peut comprendre que le cœur a un désir, une velléité, et que pour passer à l'acte, il faut donner un coup de reins.

Autre expression : « Tu aimeras l'Éternel ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de tous tes moyens ». Aimer est donc un acte de décision.
Dieu nous parle, et nous, en entendant cette parole, nous devons agir en conséquence. C'est dans l'action que l'on peut suivre la parole de Dieu. La spécificité du message délivré par Dieu au pied du mont Sinaï est que la foi doit se transformer en actes. Et le siège de cette décision, c'est le cœur. Lui qui donne l'élan et qui, irradiant l'ensemble du corps, mettra en marche les mains, les pieds et tout l'être.

L'expression trouvée dans Ézéchiel est également célèbre : « Je vais changer vos cœurs de pierre en cœur de chair ». Visitant un jour le mur occidental à Jérusalem, un rabbin a dit : « il est des murs de pierre qui nous parlent au cœur ; il est aussi des hommes avec un cœur qui semble être un mur de pierre »...

Avoir un cœur de pierre : être insensible à la souffrance d'autrui, ne pas être touché, ne pas changer son comportement devant la détresse des autres.
Ézéchiel annonce ainsi que Dieu nous rendra sensibles, nous remettra dans un rapport de fraternité.

À l'inverse, il a endurci le cœur de Pharaon, pour que celui-ci aille au bout de son inhumanité.

L'aboutissement de l'espérance de Dieu pour les hommes, c'est qu'ils retrouvent la fraternité, la sensibilité les uns envers les autres. Tant il est vrai que la qualité de nos rapports à Dieu dépend exclusivement de la qualité de nos relations aux autres.

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