Parole et liberté, la langue de mai 68

avec Giovanni Dotoli, de l’Université de Bari (Italie)
Avec Hélène Renard
journaliste

Giovanni Dotoli, professeur de langue et de littérature françaises à l’Université de Bari (Italie), évoque ici le travail qu’il a effectué autour de la parole, de la langue et des mots utilisés durant mai 68 en France. Dialogue autour de son livre Parole et liberté, la langue de mai 68. Quel rôle a tenu la parole dans l’agitation et la revendication ?

Émission proposée par : Hélène Renard
Référence : pag533
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Dans cette émission, c'est un universitaire italien, peut-être le plus français des Italiens, Giovanni Dotoli, professeur de langue et de littérature françaises à l’université de Bari, auteur de nombreux ouvrages et essais publiés tant en Italie qu’en France et dans d’autres pays, qui nous replonge dans l'époque de mai 68.

Il évoque ici le travail qu'il a effectué autour de la parole, de la langue, des mots utilisés durant cette période, travail qui a fait l'objet d'un livre récemment publié (en 2008) aux éditions Hermann Parole et liberté, la langue de mai 68.

Bien sûr, on a tendance à penser, encore un livre sur mai 68 ! Tout n’a-t-il pas été dit ou écrit sur cette période agitée ? Dotoli affirme qu'il ne veut pas célébrer un cadavre mais qu'il veut, 40 ans après, mesurer les traces de mai 68 dans la langue française. Parce que pour lui, mai 68 est d’abord un phénomène de langage : « la soupape de la parole explose, les mots se réveillent, le livre n’est plus une brique morte, mais le flambeau de la vérité, dite, exprimée, criée, annoncée »…

La parole est donc au centre de mai 68 ?

Giovanni Dotoli rappelle les mots qui traduisent ce besoin d’ordre nouveau : changer, transformer, mutation, etc. Quelques mots-clés comme révolte ou révolution. Les cris (slogans) et les écrits (sur les murs, dans la rue) par lesquels cette parole s'exprime.

Elle réclame la liberté. Mais de quelle liberté s’agit-il et avec quels mots ? "La liberté est une exigence individuelle contre la loi, l’ordre, la police, la règle…".

Cette liberté qui demande l’impossible, est-elle poésie ? s'interroge Giovanni Dotoli, qui est aussi poète de langue française. Autrement dit la parole poétique apporte-t-elle la liberté souhaitée ?

Et que dire de l’écriture ? Dotoli écrit (page 99) : « on désacralise l’écriture : pour une jeune et nouvelle vie, l’humeur anti-institutionnelle de mai 68 est surtout d’ordre scriptural ». Tout un chacun peut alors se dire écrivain…L’écriture a perdu ses repères d’autorité, ses critères. Y a-t-il dans cette écriture libérée, des trouvailles de style éblouissantes ?

A noter

Giovanni Dotoli a été élevé au grade d’Officier de la Légion d’Honneur. Son œuvre a été distinguée d’un grand prix de l’Académie française.

Son livre « Parole et liberté, la langue de mai 68 » est paru aux Editions Herman (6 rue de la Sorbonne à Paris).

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