La tectonique des plaques

avec Xavier Le Pichon, professeur honoraire de géodynamique au Collège de France, membre de l’Académie des sciences
Xavier LE PICHON
Avec Xavier LE PICHON
Membre de l'Académie des sciences

Pionnier de la théorie de la tectonique des plaques, Xavier Le Pichon, professeur de géodynamique au Collège de France, a joué un rôle primordial dans l’étude des frontières des plaques. Cela l’a conduit à l’exploration des grands fonds marins à bord de sous-marins. Retour sur cette révolution récente en sciences de la Terre, lors d’une conférence donnée par Xavier Le Pichon au Bureau des longitudes, à l’Institut de France.

La découverte de la tectonique des plaques est récente. Elle nous vient de l’exploration des continents dans les années 1950. À cette époque, la thèse est encore loin d’être validée par l’ensemble de la communauté scientifique :

En 1962, Harry Hess, officier de marine et géologue américain, publie le premier sa thèse de la tectonique des plaques, après plusieurs années de recherche. Pour ne pas provoquer de levée de bouclier de la part de la communauté scientifique, ne le prenant pas au sérieux, Hess prend les devants et parle lui-même de « géo-poésie ».

Mais la théorie commence à faire son chemin et celle d’Alfred Wegener est peu à peu abandonnée (la principale faiblesse que présentait la théorie de Wegener était liée à la raison véritable de la dérive des continents : ignorant à l'époque les mouvements de convection du magma, il impute l'origine de ces mouvements aux marées lunaires).

Le constat nous venait donc de Harry Hess, mais aussi de Paul Fallot (membre de l'Académie des sciences) : lors de ses nombreuses plongées, spécifiquement entre les arcs insulaires, l'officier américain rédigea des rapports indiquant des anomalies de pesanteur. En 1960, il affirma qu'elles traduisaient des mouvements de convection du manteau terrestre : les dorsales mettaient en évidence les courants ascendants et les fosses océaniques, les courants descendants. La croûte océanique, créée au niveau des dorsales et enfouie au niveau des fosses océaniques, était continuellement recyclée, alors que la croûte continentale, à cause de sa légèreté, était condamnée à dériver à la surface de la Terre.
Lors de ses plongées, Hess découvrit qu'il n'existe que très peu de sédiments sur le plancher océanique et que cela ne ressemble à rien de ce que l’on connaît sur les continents.

Axe de la dorsale Pacifique Est à 13°N - Cyatherm (Cy82-09) - 2606 m. Une fissure dans le plancher océanique.
© IFREMER

Autre protagoniste important dans la théorie de la tectonique des plaques : Dan McKenzie. Le géophysicien britannique a posé comme principe que les masses continentales sont mises en mouvement par des courants de convection à l'intérieur de la Terre.
La zone la plus affectée par ces courants se situe à proximité des dorsales médio-océaniques. Par conséquent, il a accordé une attention particulière au mécanisme de formation des montagnes sur les fonds océaniques.

Restait à comprendre la raison pour laquelle les flux de chaleur étaient trois fois inférieurs aux calculs de Harry Hess… La communauté scientifique trouva l’explication bien plus tard en découvrant des cheminées qui sortaient de l’eau à 300°C.

EPR 13°N Cy82-31, 2620 m. Les fumeurs noirs dans l’axe de la dorsale Pacifique Est à 13°N par 2600 m de profondeur témoignent l’activité volcanique et magmatique actuelle. Ils déchargent dans l’eau de mer une très grande quantité de sels et sulfures polymétalliques à une température atteignant 380°C, et sont à l’origine de véritables oasis où la vie abonde.
© IFREMER


Si l'ensemble des scientifiques s’est rallié unanimement à la thèse de Hess en 1968, il faut en revanche attendre 1975 pour qu’elle soit officiellement validée.

Xavier Le Pichon

Écoutez l'intervention de Xavier Le Pichon, géodynamicien, membre de l'Académie des sciences et professeur honoraire au Collège de France.
Cette conférence avait lieu au Bureau des longitudes à l'Institut de France, en novembre 2008.

En savoir plus :

- Xavier Le Pichon, membre de l'Académie des sciences
- Xavier Le Pichon, professeur au Collège de France

- Paul Fallot

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