Dictionnaire des apparitions de la Vierge Marie

L’encyclopédie des apparitions par l’abbé René Laurentin et Patrick Sbalchiero.
Avec Hélène Renard
journaliste

Le 11 février 1858, se produisit la première des apparitions de la Vierge à Lourdes, à Bernadette Soubirous. Si l’Eglise a reconnu l’authenticité de celles-ci, de nombreux lieux d’apparition ne bénéficient pas de cette reconnaissance. Ce Dictionnaire encyclopédique offre aux croyants comme aux non croyants toutes les réponses aux questions soulevées par ces apparitions.

Émission proposée par : Hélène Renard
Référence : pag493
Télécharger l’émission (7.24 Mo)

_ La Vierge, si l’on en croit les récits des "voyants", apparaît fréquemment, et même de plus en plus souvent durant cette dernière décennie, et en de multiples endroits. Savez-vous que l’on compte 2400 apparitions dans l’histoire ?

C’est dans un ouvrage exceptionnel, véritable encyclopédie sur les apparitions mariales, que l'on découvre ce chiffre et bien d’autres données encore, dans le Dictionnaire des apparitions de la Vierge Marie que l’on doit à un prêtre, à la fois théologien, historien et journaliste, l’abbé René Laurentin, membre de l’Académie pontificale des sciences, qui étudie les apparitions depuis près de 50 ans.
Il a été assisté dans ce travail par un autre journaliste historien, spécialiste des questions miraculeuses, Patrick Sbalchiero, et par toute une équipe rédactionnelle de spécialistes, dont notre collaboratrice Sylvie Barnay pour les apparitions du Moyen-Age.

Enfin, notons, puisque nous sommes ici sur Canal Académie, que l’ouvrage est préfacé par le Cardinal Roger Etchegaray, membre de l’Académie des sciences morales et politiques et que plusieurs membres de cette Académie, Michel Albert, Pierre Messmer, Jean Foyer, Pierre Chaunu, ont fait partie du comité d’honneur qui a encouragé cet immense travail publié chez Fayard.

Un ouvrage, exceptionnel, donc, d’abord par son volume, énorme, il compte près de 1500 pages. Mais surtout par l’esprit dans lequel les apparitions sont abordées : il veut promouvoir l’étude des apparitions à un niveau scientifique. Il développe autant que faire se peut l’objectivité, la prudence et l’honnêteté intellectuelle.

C’est, à n’en point douter, l’outil de référence pour qui souhaite avoir des précisions sur tous les aspects des apparitions.
Car celles-ci posent de multiples questions.
D’abord au niveau du langage : le vocabulaire des apparitions est piégé. Le verbe paraître en français s’oppose au verbe être. Dans l’université française, on ne distingue plus apparition de vision, on proscrit le mot voyant au profit du mot visionnaire. Mais toutes ces notions méritent d’être déchiffrées, précisées, et c’est le premier avantage de ce Dictionnaire des apparitions de la Vierge Marie.

Le sous–titre de ce dictionnaire précise : un inventaire des origines à nos jours : méthodologie, bilan interdisciplinaire, prospective.

- Une méthodologie, en effet : comment l’Eglise catholique procède-t-elle pour enquêter sur les voyants, les témoins, avant de se prononcer sur la réalité ou non d’une apparition ?

- Un bilan interdisciplinaire aussi, car l’étude des apparitions exigent l’apport d’une quinzaine de disciplines, de la médecine à la sociologie, de la psychanalyse à l’histoire, de la mystique au droit canon.

Dans sa préface, le cardinal Roger Etchegaray rappelle que la croyance en la réalité des apparitions mariales ne fait pas partie des dogmes de la foi catholique : «Nul chrétien n’est obligé en conscience de croire à une « apparition », même officiellement reconnue. L’Eglise ne se gouverne pas à coups d’apparitions et de révélations particulières. L’Eglise ne cautionne jamais des voyants mais des croyants ; elle reconnaît des lieux de pèlerinage et de renouveau de la foi mais se prononce très rarement sur l’authenticité des « apparitions » qui les ont fait naître.»

Et le cardinal Etchegaray d’ajouter cette précision que l’on doit au Pape Benoit XVI : «Dans son commentaire sur le message de Fatima, le cardinal Ratzinger rappelait en l’an 2000 le "Catéchisme de l’Eglise catholique" : "Au fil des siècles, il y a eu des révélations dites "privées" dont certaines ont été reconnues pas l’autorité de l’Eglise. Elle n’appartiennent cependant pas au dépôt de la foi. Leur rôle n’est pas d’améliorer ou de compléter la Révélation définitive du Christ mais d’aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’histoire".»

Un sujet à risque qui suscite nombre de réserves

Ceci dit, l’étude des apparitions est un sujet à risque. D’autant plus que la littérature s’est largement développée dans des proportions sans précédent depuis les années 1980. Et d’autant plus que les apparitions elles-mêmes semblent se multiplier et n’avoir jamais été aussi fréquentes.

René Laurentin dans son introduction rappelle que les apparitions déroutent et sont l’objet de réserves :
- Réserve au niveau administratif, les apparitions troublent l’ordre public et les tenants du pouvoir gouvernemental n’apprécient pas (sauf quand le nombre de pèlerins soutient l’économie nationale comme à Medjugorge près de Belgrade) ;

- Réserve au niveau universitaire, parce que les apparitions sont assimilées à des communications avec l’au-delà, ce qui n’a jamais paru sérieux. L’université les exclut donc de ses sujets de recherche. On peut déplorer qu’elles ne soient pas soumises à la méthode scientifique habituellement appliquée à d’autres phénomènes.

- Réserve de l’Eglise, enfin, qui tente d’étouffer les apparitions. Ce sujet n’est absolument pas étudié dans les disciplines universitaires à l’honneur dans l’Eglise ; la théologie les ignore, les marginalise, les réduisant au mieux, dans les textes de la Bible, à des artifices littéraires.

Et pourtant, ces apparitions, traitées par l’Eglise avec tant de mépris qu’on les laisse au bas de l’échelle des valeurs, ont, de fait, une grande importance :
- la Bible est un tissu d’apparitions et de visions ;
- les apparitions mariales fondent les grands sanctuaires du monde, extrêmement fréquentés : Guadalupe au Mexique (plus de 10 millions de pèlerins par an), la rue du Bac à Paris, Fatima, La Salette, et bien sûr Lourdes (7 millions de pèlerins annuels), pour ne citer que les plus célèbres ;

Si vous ne deviez lire qu’une petite partie de cet énorme dictionnaire, lisez l’introduction de René Laurentin. Elle pose, en quelques pages, toutes les interrogations qu’un esprit honnête, croyant ou non croyant, peut et doit se poser.
Et ce n’est pas la moindre des qualités de ce Dictionnaire des apparitions de la Vierge Marie, de René Laurentin, publié chez Fayard, que de s’adresser à la fois à ceux qui sont opposés aux apparitions qu’à ceux qui y sont favorables. Tant l’information qu’il livre est abondante, documentée, objective, tant les références aux sources écrites sont innombrables, et surtout, tant il promeut de nouvelles questions scientifiques.


Autres ouvrages recommandés :

Signalons que Patrick Sbalchiero a publié en 2008 aux Presses de la Renaissance un ouvrage intitulé Les apparitions de la Vierge en Extrême-Orient (Chine, Mongolie, Vietnam, Philippines, Timor-Oriental, Indonésie, Corée du Sud, Japon). Une bibliographie sélective permet de s'informer plus en détails. Il offre également un répertoire des voyants. Et un "récapitulatif des présumées apparitions et lacrymations" depuis 1616 (première apparition au jésuite Otazo aux Philippines) jusqu'à 2005. On ne saurait trop conseiller cet ouvrage sérieusement documenté.

Sur la Vierge Marie, on peut également conseiller l'ouvrage de Sylvie Barnay dans la collection Religions de Gallimard Découvertes : La Vierge, Femme au visage divin.

Vous pouvez aussi écouter notre émission : Les mots des religions « Vierge Marie »

Cela peut vous intéresser