L’Alliance des Académies européennes

avec Gérard Toulouse, membre de l’Académie de sciences
Avec Gérard TOULOUSE
Correspondant

Gérard Toulouse, membre de l’Académie des sciences, développe pour nous l’intérêt des Académies de la grande Europe, à réfléchir sur les sujets de société qui nous concernent aujourd’hui : la bioéthique, le développement durable et les armes de destructions massives. Il est l’ancien président du Comité permanent sciences et éthique de l’Alliance européenne des académies qui regroupe 53 Académies dans 40 pays européens.

_ Fondée en 1994, l'Alliance européenne des Académies ne regroupe pas moins de 53 académies des sciences et des humanités dans 40 pays de l’Europe (Turquie, Russie, Balkans, Caucase, Israël compris). En France, l'Académie des sciences, mais aussi l'Académie des sciences morales et politiques et l'Académie française en font partie.

L’Alliance des académies européennes, dont le titre exacte est fédération européenne des académies nationales des sciences et des humanités, s'est créée après la chute du mur de Berlin. D’inspiration suédoise, (médiateurs entre l'est et l'ouest), l’idée consistait à ce que chacun conserve son autorité nationale tout en se fédérant.

Deux comités permanents constituent cette grande alliance :
- le comité science et éthique ;
- le comité consacré aux droits de propriété intellectuelle.

Il ne s’agit non pas d’un élargissement, mais d’une réunification des pays qui avaient été séparés du temps de la guerre froide.

Leurs objectifs sont multiples :
- promouvoir les échanges d’information et les expériences entre académies ;
- être une source de conseils dans le domaine des sciences et de la société ;
- rester indépendant politiquement et idéologiquement, toujours en quête d’éthique.

Comme l’explique Gérard Toulouse, l’éthique dans les sciences s’est formé petit à petit à partir de trois domaines :
- la science et la guerre ;
- la question du développement durable ;
- la bioéthique.

Dans le cadre du comité "science et éthique" que Gérard Toulouse a présidé pendant cinq ans, il s’agissait d’établir les bases minimales sur lesquelles tous les pays étaient d’accord (ce qui n’était pas une mince affaire !). Mais dans le cadre de l’Alliance, plus qu’une position commune, il s’agit d’une inter-fécondation entre les pays.
Reste cependant les questions de fairplay entre les sciences naturelles et sciences sociales, mais aussi de fairplay entre les générations et entre les pays.

Pour évoquer la responsabilité des scientifiques dans le cas de conséquences catastrophiques (armes de destructions massives par exemple), Gérard Toulouse rappelle la métaphore d’Hegel de la chouette de Minerve qui ne prend son envol qu’à la tombée de la nuit.

Dire que la science est pure et innocente par essence et que les effets néfastes viennent des autres (politiques, militaires, industriels) ne tient pas.
Les scientifiques doivent être à la fois libres et responsables, d'où l'idée d'ouvrir des « espaces de bonne foi » comme l’explique Gérard Toulouse.

Gérard Toulouse, membre de l’Académie des sciences, ancien président du Comité Science et éthique de l’Alliance des académies européennes

Gérard Toulouse est physicien, directeur de recherche à l’École normale supérieure (Paris). Membre de l’Académie des sciences et de l’Académie des technologies, il a présidé le Comité permanent de Sciences & éthique de l’Alliance européenne des académies (2001-2006).

En savoir plus :
- Allea, Alliance des Académies européennes
- Gérard Toulouse, membre de l'Académie des sciences
- Gérard Toulouse, membre de l'Académie des technologies

- Écoutez notre émission en compagnie de Gérard Toulouse sur OGM : pour ou contre ? deux visions différentes de scientifiques

Cela peut vous intéresser