Réception de Brigitte Terziev sous la Coupole

Discours de Claude Abeille et de Brigitte Terziev
Claude ABEILLE
Avec Claude ABEILLE
Membre de l'Académie des beaux-arts

Brigitte Terziev a été reçue sous la Coupole de l’Institut de France, comme membre de l’Académie des beaux-arts, à la section de sculpture. Voici la retransmission de cette cérémonie, qui s’est déroulée le 12 mars 2008.

Brigitte Terziev devant la Coupole de l’Institut
© Brigitte Eymann \/ Institut de France

Brigitte Terziev a été reçue à l'Académie des beaux-arts, dans la section de sculpture, lors d'une cérémonie sous la Coupole de l'Institut de France, le mercredi 12 mars 2008. Nous vous proposons d'écouter les discours de Claude Abeille et de Brigitte Terziev.

Extrait du discours de Claude Abeille :
«Maintenant naissent sous ses doigts ce qu’elle appelle ses spectres. Ses spectres. Il ne faut pas je crois prendre trop à la lettre ce mot dans son sens habituel, qui pour tout un chacun évoque des fantômes, mais plutôt dans l’acception propre dont on se sert quand on parle d’analyse de la lumière. Car les formes qui se dressent devant nous sont bel et bien une analyse des sentiments qui nous traversent tout au long de notre vie. Sentiments non plus vraiment traduits par des attitudes de théâtre, mais révélés par la présence des volumes, gonflés de sensualité, des plans éraflés ou bousculés, entassés selon des aplombs indécis, des porte-à-faux inquiétants.»

Extrait du discours de Brigitte Terziev :
«Celui qui regarde la statue prend conscience ou non de son état et s’il y a transmission possible, il devient l’acteur principal de ce qui lui a été renvoyé. A travers le corps-statue, il y a un autre corps, non admis et plus insistant. Je mettrais cela en parallèle avec la grande singularité que l’on retrouve dans le théâtre Nô. A l’encontre d’une interprétation trop illustrative, l’acteur japonais se met dans un état de vide intérieur, ce qu’il nomme le « ma », pour lui permettre de recevoir ou de capter avec plus d’authenticité la force du jeu.
«Décor sombre, claquement de bâtons saccadés et voix d’outre tombe aident à faire ressortir de l’ombre et du temps. La figure magnétique : l’intervenant, attendu, espéré et pourtant redouté : le spectre.
Il y a dans cette forme de fascination la puissance de l’inconnu, du secret qui, à travers l’histoire des civilisations, se perpétue.
Imprégnée de formes différentes suivant les cultures, cette permanence, cette soif de l’intemporel sur l’instant, cette pression, nous permet de nous confronter avec l’invisible et par la frayeur, prendre conscience de sa propre existence.
«C’est la cadence intime, profonde, généreuse qui explose à la lumière. Il y a un rythme interne qui nous est propre en chacun de nous ; il faut pouvoir tendre l’oreille, faire du sur-place, trouver le tempo et s’engager dans le mouvement. Etre amoureux de la complexité de notre condition humaine, face à la beauté de l’existence est de ce qui nous est donné en cadeau : la folie artistique.»

Brigitte Terziev
© Brigitte Eymann \/ Institut de France

A propos de Brigitte Terziev

Brigitte Terziev est née d'une mère pianiste et peintre et d'un père sculpteur, en 1943. Elle fréquente l'Ecole des Beaux-Arts, et étudie la sculpture auprès de Robert Couturier. Elle pratique également la danse et le théâtre. Brigitte Terziev part en Yougoslavie où elle collabore à plusieurs projets d'art vivant. Elle revient à Paris en 1970, retrouve la sculpture et le travail du bois. Après un passage par l'abstraction, Brigitte Terziev opte pour de grandes figures de grès et de métal. Elle reçoit le prix Bourdelle en 1997. Son élection à l'Académie des beaux-arts, dans la section sculpture, date du 4 avril 2007.

Pour aller plus loin

- Lire les discours de Claude Abeille et de Brigitte Terziev, sur le site de l'Académie des beaux-arts
- Ecouter notre émission dans l'atelier de Brigitte Terziev

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