L’astro-égyptologie

avec Karine Gadré de l’Observatoire Midi-Pyrénées

L’archéoastronomie, dans le contexte de l’Egypte ancienne a abouti à la révision des dates de début de règne de plusieurs pharaons, à la cartographie des constellations peuplant le ciel méridional de l’Egypte ancienne, et à la formulation d’une toute nouvelle hypothèse orientationnelle concernant les pyramides de l’Ancien Empire ainsi que les temples d’Isis et Hathor de Dendérah. Explications détaillées de Karine Gadré, au cours d’une conférence donnée au Bureau des longitudes.

Cet exposé est l'occasion de présenter, dans le détail, la démarche adoptée pour résoudre ces problèmes (constitution de bases de données archéologiques et stellaires, conception de modèles de visibilité d'étoile à l'oeil nu, application de critères astronomiques et égyptologiques), ainsi que les résultats obtenus.

Dans la continuité de leurs ancêtres du néolithique, les anciens Egyptiens édifièrent des monuments de pierre dont certains présentent une orientation astronomique particulière. Telles ces pyramides datant de l'Ancien Empire, dont les vestiges parsèment, aujourd'hui encore, la rive occidentale du Nil. Sur les parois internes des plus tardives d'entre elles furent gravés des textes au sein desquels apparurent, pour la première fois, les noms d'étoiles et de constellations : Soped, Sah, ... Une imagerie leur sera associée, leur succession à l'est du ciel nous sera contée, sur l'intérieur du couvercle de sarcophages datant de la Première Période Intermédaire et du Moyen Empire. La forme des constellations peuplant le ciel d'Egypte, les appellations des divinités auxquelles elles furent associées, nous seront quant à elles dévoilées au plafond de divers temples et tombes du Nouvel Empire (Senmout, Séthi I, Ramasseum, ...). De même, la succession des cycles solaire et stellaire, la symbolique entourant le lever du Soleil sur la Terre d'Egypte, ...

Tout comme la déesse du ciel, Nout, donnait chaque matin naissance à l'astre du jour, elle donnait naissance aux étoiles à leur heure, soulignent divers passages du Livre de Nout et du Texte Dramatique dont le Papyrus Carlsberg I constitue une copie tardive. Leur sortie de la Douat, après qu'elles soient demeurées invisibles plusieurs semaines, était assimilée à une véritable renaissance, et donnait lieu à des festivités. Celle de l'étoile Sirius notamment, l'étoile la plus brillante du ciel, dont divers écrits (papyrus d'El-Lahoun, calendrier Ebers, ...) mentionnent la survenue du lever héliaque .

Représentation des décans, plafond astronomique de la tombe inferieure de Senenmout, Nouvel Empire


Ces vestiges de nature architecturale, textuelle ou pariétale, constituent une véritable base de données astro-égyptologiques régulièrement mise à jour : le point de départ de travaux de recherche inédits qui nécessitèrent la conception de plusieurs logiciels d'astronomie et aboutirent à la formulation de nouvelles hypothèses scientifiques - relatives à l'identification des constellations peuplant le ciel de l'Egypte ancienne ou bien encore à la source astronomique d'orientation des temples d'Isis et d'Hathor à Dendérah. Aucune des hypothèses envisagées n'est bien évidemment certaine. Par définition, l'hypothèse retenue est celle dont la probabilité est la plus grande - celle qui explique le mieux la réalité observée ou mesurée, en l'occurrence.

Karine Gadré vient d'achever sa thèse de doctorat au Laboratoire d'Astrophysique de Toulouse-Tarbes - Observatoire Midi-Pyrénées, consacrée à l'archéoastronomie ou histoire de l'astronomie.
En travaillant plus spécifiquement sur l'astronomie en Egypte ancienne, Karine Gadré souhaite réunir les chercheurs issus des deux communautés autour d'un même projet : une meilleure connaissance de l'astronomie au temps des pharaons.

En savoir plus :

- Culturediff, site de diffusion de la culture scientifique
- Karine Gadré
- Bureau des longitudes

Cela peut vous intéresser