Giuseppe Arcimboldo (1526-1593)

avec Patrizia Nitti, directrice des Projets Renaissance au musée du Luxembourg
Avec Krista Leuck
journaliste

La première exposition monographique au monde consacrée à Arcimboldo a été organisée au Musée du Luxembourg à Paris fin 2007. Carrefour des Arts invite Patrizia Nitti, directrice des projets Renaissance au sein de ce musée parisien. Elle nous parle de cet artiste singulier et mystérieux.

Émission proposée par : Krista Leuck
Référence : carr336
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Arcimboldo a connu une immense gloire de son vivant. Il avait brillé à la cour impériale des Habsbourg à Vienne, au XVIe siècle. Puis il était tombé totalement dans l’oubli jusqu’à sa re-découverte, au XXe siècle, par les surréalistes.

Qui ne connaît ses évocations insolites de « monstres marins » grouillant de mollusques, de crustacés, de grenouilles, de gueule de requin et autres créatures de la mer prenant la forme de nez, de bouche ou d’oreille pour en faire surgir le portrait allégorique de L’eau.

L’eau, 1566
huile sur toile 66,5 x 50,5 cm<br /> © Vienna, Kunsthistorisches Museum

Ou encore, dans ses fameuses « Saisons », cette évocation du« Printemps » , tête constellée d’une mosaïque de fleurs,
ou celle de « L’été » aux joues de pêche mûre, au menton de poires, aux cheveux ébouriffées d’épi de maïs, piquée de cerises, de framboises ou de prunes ?
Toutes ces têtes anthropomorphes ont rejoint l’imagerie familière de notre enfance.

L’été, 1563
67 x 50,8 cm<br /> © Vienna, Kunsthistorisches Museum

Ce n’est pourtant qu’en 2007, au Musée du Luxembourg à Paris, qu’une importante rétrospective consacre à ce peintre la première exposition monographique mondiale

Qui était Giuseppe Arcimboldo ? En dépit de larges zones d’ombre dans sa biographie, Patrizia Nitti nous éclaire sur sa vie à Milan, sa ville natale, où il passa ses trente sept premières années. Il collabore avec son père à la décoration de la cathédrale de Milan, puis à celle de Côme. Il fait de la peinture religieuse, des cartons pour des tapisseries, dessine des objets d’église. En 1562, l’empereur Ferdinand Ier l’appelle à la Cour des Habsburg. Il commence comme simple copiste de portraits avant de devenir une figure centrale dans le développement artistique à la cour impériale à Vienne et à Prague.
Successivement au service de trois empereurs, Ferdinand Ier (1503-1564), frère cadet de Charles Quint, de Maximilien II, fils de Ferdinand Ier, et de Rodolphe II du St. Empire (1552-1612), fils de Maximilien II.

En 1587, Arcimboldo demande à son souverain Rodolphe II de rentrer dans son pays natal, à Milan. Il meurt en 1593.
Arcimboldo avait plusieurs facettes.
Il fut le peintre-inventeur des « Têtes composées ».
l’organisateur de grandes fêtes commandées par l’empereur Maximilien II, créant de fabuleux décors & costumes.
Et aussi l’inventeur de machines en un siècle passionné de sciences et de technique. Son génie polyvalent lui valu en Autriche l’appellation de « Léonardo des Habsbourg ».

Rodolphe II a 6 ans

Rodolphe II à 6 ans en nain, avec le géant Giovanni Bona en homme sauvage)

Où puisait-il cette inspiration si riche et polymorphe ?
A la cour impériale des « Habsbourg d’Autriche », Maximilien II, et après sa mort, Rodolphe II surtout, ont certes exercé une influence déterminante sur l’artiste. Patrizia Nitti nous éclaire sur la personnalité des deux empereurs du St. Empire.

Madame Nitti nous guide ensuite à travers toutes les salles de l’Exposition.. Elle nous permet de suivre l’évolution d’Arcimboldo et de mieux mesurer toute la richesse de son univers.

Elle conclue par la présentation détaillée de plusieurs toiles emblématiques dont le « Feu », « Flora » ou le fameux « Vertumne », portrait de Rodolphe II.

Quelques œuvres majeures d’Arcimboldo :
Les « Quatre Saisons », les « Quatre Eléments », « Le Bibliothécaire », « Le Juriste », les tableaux réversibles ».

Le feu, 1566
66,5 x 50,8 cm<br /> © Vienna, Kunsthistorisches Museum

Quelle est l’influence d’Arcimboldo sur les artistes des générations ultérieures ? Quelle est sa place dans l’Histoire de l’Art ? L’exposition monographique apporte un regard nouveau sur cet artiste à redécouvrir.

Une exposition, placée sous le commissariat de Madame Sylvia Ferino, conservateur de la Peinture italienne Renaissance au Kunsthistorisches Museum, et co-organisée par le Musée du Luxembourg et le Kunsthistorisches Museum, Vienne, où elle sera présentée du 11 février au 1er juin 2008.
Responsable du projet : Patrizia Nitti, directrice des projets Renaisance au Musée du Luxembourg.

Outre la présentation de ses incomparables têtes composées en provenance de collections privées et muséales du monde entier, une importante sélection d’œuvres graphiques, réalisées depuis ses années de formation à Milan jusqu’à celles consacrées au service des Habsbourg, permet d’apprécier l’étendue du talent et l’extraordinaire richesse inventive et formelle de l’univers pictural d’Arcimboldo.

Di Cremona, 1590
huile sur toile 35,8 x 24,2 cm © Cremona, Museo Civico Ala Ponzone
Di Cremona, 1590
huile sur toile 35,8 x 24,2 cm © Cremona, Museo Civico Ala Ponzone

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