Le général Léopold Sigisbert Hugo (1773-1828)

"Ce héros au sourire si doux"
Avec Laëtitia de Witt
journaliste

Soldat courageux et talentueux mais au comportement irrationnel, homme à femmes, peu soucieux de son épouse et de ses enfants dont il ne s’occupa que bien tardivement, tel était le général Hugo, père auquel Victor accorde une place importante dans son oeuvre. François Malye, spécialiste de la guerre d’Espagne, retrace ici le parcours du major Léopold Hugo.

Émission proposée par : Laëtitia de Witt
Référence : hist313
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_ Fils de menuisier, Léopold Hugo est attiré dès sa tendre adolescence vers la carrière militaire. A 15 ans, il s’engage au régiment de Beauvaisis. Ayant triché sur son âge, il est finalement renvoyé. Il tentera une nouvelle fois de s’engager, sans succès. Il faut attendre 1791 pour qu’il entre au 13e régiment d’infanterie. Les guerres de la Révolution lui offrent l’occasion de montrer sa bravoure.

Il faut dire qu’au physique, Léopold Hugo mesure 1,70 m, est trapu et athlétique. Son teint de brique, ses lèvres et son nez épais, ses cheveux noirs et crépus lui confèrent l’aspect d’un véritable guerrier. Seul son regard adoucit cet air rude.

Le jeune Hugo se signale surtout sur le Rhin et dans la lutte contre les Chouans, en Vendée, où il rencontre Sophie Trébuchet qu’il épouse le 15 novembre 1797. Après un court passage à l’armée du Danube, il s’installe à Nancy où naît Abel en 1798 suivi d’Eugène en 1800. Dans les années suivantes, la carrière de Léopold Hugo connaît un ralentissement en raison de sa franchise excessive et de son goût de la chicane. Il passe de garnison en garnison. Parmi elle, Besançon occupe une place importante.

Victor y naît et surtout Léopold y rencontre Joseph Bonaparte, son véritable protecteur par la suite. Pour l’heure, une dispute avec un supérieur lui vaut l’exil en Corse puis à l’île d’Elbe. Seul - son épouse et ses fils ont regagné Paris - Léopold noue une relation avec Catherine Thomas qui deviendra sa concubine puis son épouse.

En 1806, Joseph Bonaparte devient roi de Naples. Hugo choisit alors de rejoindre l’armée de Naples. Intrépide dans la lutte contre les partisans calabrais, on lui doit la capture du plus célèbre d’entre eux, Fra Diavolo. Au début 1808, il est colonel du régiment Royal-Corse et gouverneur de province.

Sur ce, Joseph est appelé au trône d’Espagne. Dès l’été 1808, le colonel Hugo le suit et accumule les honneurs : majordome du palais, maréchal de camp, gouverneur de province, sous-inspecteur général, enfin comte et aide de camp du roi. En Espagne, Hugo se démarque grâce à son savoir-faire dans la lutte contre la guérilla. Par son expérience acquise en Vendée puis dans les Abruzzes, il est un des seuls à être familiarisé à cette « petite » guerre. L’Espagne est aussi le lieu des retrouvailles, quelque peu tumultueuses, avec son épouse et ses enfants.

Après plusieurs années de séparation, apprenant la réussite de son époux, Sophie Hugo compte bien en profiter et se met en route avec ses trois garçons, le 10 mars 1811. A la suite d’un voyage effroyable, ils arrivent à Madrid à un moment difficile pour les armées françaises. Après l’échec de Masséna au Portugal, consommé par la défaite à Fuentes de Onoro, Français et Britanniques vont se harceler pendant près d’une année jusqu’à la victoire de Wellington à la bataille des Arapiles, le 22 juillet 1812.

C’est entre ces deux défaites que se situe le séjour de la famille Hugo. Victor, âgé de 9 ans, restera marqué à jamais par ce voyage. Les horreurs de la guerre et la violence des rapports entre ses parents n’ont-ils pas suffi à lui insuffler le goût de la tragédie? Toujours est-il que l’Espagne marque la séparation définitive du couple Hugo et le point culminant de la carrière de Léopold, largement récompensé pour sa lutte dans cette guerre obscure. Vainqueur de l’Empecinado, l’un des plus redoutables chef de bande espagnols, il est nommé gouverneur de la place de Madrid en mai 1812. Poste qu’il n’occupe que peu de temps, les français étant obligé d’évacuer la ville à la suite de l’effondrement français à la bataille des Arapiles.

Rentré en France en 1813, portant le seul grade de major (les grades acquis dans les armées des royaumes étrangers, même alliés, ne sont pas reconnus), il soutient un siège héroïque à Thionville. La première Restauration reconnaît son grade de maréchal de camp. Aux Cent-Jours, il soutient à nouveau le siège de Thionville jusqu’en novembre 1815. Mis en demi-solde, il s’essaie à l’agriculture et s’y ruine peu à peu. Il se met aussi à écrire : ses Mémoires sont intéressants pour l’Italie et l’Espagne. Retraité comme lieutenant général honoraire, il se réinstalle à Paris où il meurt le 29 janvier 1828.

Pour en savoir plus :
- François Malye, Napoléon et la folie espagnole. Paris, Tallandier, 2007.

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