Les mots des religions "l’Epiphanie" ou Fête des Rois

avec Sylvie Barnay, maître de conférences à l’Université de Metz
Avec Hélène Renard
journaliste

La fête de l’Epiphanie -mot grec signifiant manifestation- est célébrée en France le premier dimanche de janvier. Sylvie Barnay rappelle ici les traditions liées à cette fête et la fameuse galette des rois dans laquelle se glisse la fève !

Émission proposée par : Hélène Renard
Référence : tor305
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_ La fête des Rois ou Epiphanie est fixée par l’Eglise le 6 janvier. Mais en France, elle est célébrée le premier dimanche de l’année. Elle fait mémoire de la visite des mages d’Orient venus adorer l’Enfant Jésus. Le jour des Rois porte le nom d’épiphanie, mot grec signifiant apparition ou première manifestation du Christ dans le monde.

Les méditations sur la manifestation de Dieu dans le monde, mystère appelé « épiphanie », construisent les premiers linéaments de la fête liturgique de Noël.
A la suite des controverses qui ont lieu au début du IVe siècle au sujet de la divinité du Christ, l’Eglise commence à fêter la manifestation du Sauveur dans le monde, son épiphanie, le 6 janvier - date déjà retenue par exemple dans les joutes théologiques des milieux d’Alexandrie opposant païens et chrétiens : ce jour était en effet considéré comme le jour de la naissance d’Eon né de la vierge Coré.

Mosaïque de Ravenne (Italie)

En Syrie, saint Ephrem décrit la fête du 6 janvier comme la plus lumineuse des fêtes chrétiennes, jour où on fêtait à la fois la naissance et le baptême de Jésus. La pèlerine Egérie (on peut lire son Journal de voyage, dans la collection Sources chrétiennes) décrit les milliers de lumières qu’on allume à Jérusalem dans l’Eglise de la Résurrection le matin du 6 janvier, le Christ étant présenté comme la lumière qui jaillit des ténèbres.

C’est en mémoire de cette promesse de la lumière que les fêtes des rois font leur apparition. Les premières fêtes des rois apparaissent au Moyen Age. Devant les parvis des cathédrales, les théâtres font la joie des badauds venus voir la visite des mages. Très rapidement, la fête se double de la fête du “ roi de la fève ” qui rappelle les saturnales romaines. Au cours de ces réjouissances données en l’honneur de Saturne, un tirage au sort désignait un roi bouffon auquel tous, maîtres et esclaves, obéissaient.

A cette occasion, vers le milieu du XIVe siècle, un gâteau est traditionnellement offert au « roi de la fève ». Le premier gâteau des Rois est mentionné dans une charte de 1311 ! La coutume d’insérer une fève dans une galette et de tirer au sort les parts (dont une est gardée à Dieu et donnée au premier pauvre qui passe) est décrite dans les traités culinaires du XVIe siècle. Déjà, dans l’antiquité, la fève est assimilée à une plante sacrée. Il est interdit de la manger et de la nommer. Les croyances en font un symbole de mort et de résurrection : enfouie sous la terre, elle fait germer la vie – d’où la multitude de dictons, par exemple « Aux rois, les jours croissent du pas d’une oie ». Aujourd’hui, les fèves sont devenues objet de collection.

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