Psychiatrie et société

par Jean-François Allilaire, chef du service de psychiatrie de l’Hôpital de la Salpétrière
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Que signifie théoriser, traiter et penser la maladie mentale aujourd’hui ? Jean-François Allilaire, membre correspondant de l’Académie nationale de Médecine, élève de Jean Delay, explique le dialogue permanent entre le corps social, ses besoins et les psychiatres. Ecoutez la retransmission de sa communication "Psychiatrie et société", devant les membres de l’Académie des sciences morales et politiques, le premier octobre 2007.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : es302
Télécharger l’émission (29.39 Mo)

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Jean Allilaire, invité par l'Académie des sciences morales et politiques, dans le cadre de ses séances, consacrées, cette année au thème de réflexion "Santé, Médecine et environnement", s'exprime sur les liens très étroits entre psychiatrie et société.

Jean-François Allilaire
Académie des sciences morales et politiques, le premier octobre 2007

Après avoir présenté, quelques points d'histoire sur le rapport entre psychiatrie et société, il explique le rôle actuel des structures associatives qui permettent au malade mental, de passer de l'état «d'objet de soins» à celui de «sujet». Pour lui, la question de l'offre de soins psychiatriques ne peut plus être pensée en dehors du corps social. Les patients sont, en effet, suivis en ambulatoire par des médecins, des soignants, des travailleurs sociaux tout en vivant dans leur famille. Le droit des malades s'étant particulièrement étoffé, il s'interroge sur la faible prise en compte de la spécificité des maladies mentales dans ces textes juridiques. Les progrès des neurosciences et de la psychopharmacologie modifient l'image de la psychiatrie. De nouvelles demandes de soins sont apparues. Elles correspondent soit «à une souffrance individuelle, à une recherche d'amélioration du fonctionnement individuel en face du stress lié à la compétition sociale, ou encore, au désir croissant des sujets modernes et post-modernes de développer leur potentiel personnel et de pousser au maximum, une certaine forme d’accomplissement de soi». Pour Jean-François Allilaire, «la psychiatrie est amenée à réfléchir de façon approfondie à son champ de compétence propre, tout en restant critique vis-à-vis des demandes croissantes d’expertise et d’évaluation attendues par les institutions sociales et les politiques, pour protéger la société contre les débordements individuels, demandes qui risquent de transformer le citoyen responsable en un citoyen assisté et surveillé car soupçonné de pouvoir mettre en cause par ses comportements individuels un équilibre social de plus en plus instable et conflictuel».

Pour en savoir plus

- Jean-François Allilaire est médecin, spécialiste en psychiatrie, Professeur de Psychiatrie à la faculté de médecine de Paris - Université Pierre et Marie Curie (Paris VI). Il est Chef du service de psychiatrie de l'hôpital de la Salpêtrière à Paris. Directeur de la formation doctorale « Psychopathologie clinique et expérimentale » de l'École Doctorale "Cerveau-cognition-comportement" de l'université Paris VI depuis 1995, ses activités de recherche et d'enseignement se sont développées à la faculté de médecine et au sein de l'unité Inserm 302, "pharmacologie et psychopathologie des comportements" puis dans le laboratoire CNRS UMR 75-93 « vulnérabilité, adaptation et psychopathologie », intégrés à l'Institut fédératif de recherches « Charcot ». Il est membre de différentes sociétés scientifiques et secrétaire général de la Société Médico-Psychologique, la plus ancienne société de psychiatrie au niveau mondial, créée par Baillarger en 1848. Ancien Président de la Fédération Française de Psychiatrie, organisatrice du congrès du cinquantenaire de la création de l’Association Mondiale de Psychiatrie en 2000.
- Texte de la communication de Jean-François Allilaire, site internet de l'Académie des sciences morales et politiques
- Biographie de Jean Delay de l'Académie française

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