L’espion Anthony Blunt, le clerc de la trahison, par Georges Semprun

Entre histoire de l’art et espionnage

Anthony Blunt, célèbre espion pour le compte de l’Union soviétique, né en 1907 et mort en 1983, était aussi un historien d’art, conservateur des collections de la reine, au service donc, de la Couronne d’Angleterre. Une double vie énigmatique décryptée par l’écrivain Georges (Jorge) Semprun (1923-2011). Quand l’histoire dépasse la fiction, mieux que "007"...

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : es243
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Jorge Semprun, dit aussi Georges Semprun, réfugié en France en 1937 avec sa famille, en raison de la Guerre d'Espagne, a rejoint l'organisation communiste de la Résistance des Francs Tireurs et Partisans dès 1941 et adhéra l'année suivante, au parti communiste espagnol. En 1943, arrêté par la Gestapo, il est déporté au camp de concentration de Buchenwald.
De retour à Paris, en 1945, il fut traducteur pour l'UNESCO, et coordonna des actions clandestines, sous le nom de Federico Sanchez, au sein du parti communiste espagnol sous la dictature du général Franco. Exclu du parti en 1964, pour divergences, il se consacra dès lors, pleinement à l'écriture. Scénariste et écrivain à partir des années soixante, ses ouvrages sont aussitôt récompensés par des prix. L'Académie Goncourt l'accueillit en 1996. Il est décédé début juin 2011.

Georges Semprun, le 6 juin 2007, devant les membres de l’Académie des beaux-arts
Copyright : Canal académie


Parmi ses œuvres les plus connues :
- Le grand voyage, roman, 1963 Prix Formentor
- L'évanouissement, roman, 1967
- La deuxième mort de Ramon Mercader, roman, 1969 Prix Fémina
- La montagne blanche, roman, 1986
- L'écriture ou la vie, souvenirs, 1994 Prix Fémina Vacaresco
- Adieu, vive clarté... blanche, 1998
- Le retour de Carola Neher, le Manteau d'Arlequin, 1998
- Le mort qu'il faut, 2002

Jorge Semprun élu à l’Académie Goncourt en 1996
© Jacques Sassier \/ Gallimard

- Il écrivit une autobiographie de Federico Sanchez, réédité en Points-Seuil en 1996.
- Filmographie : La guerre est finie, scénario, 1966 et
Stavisky , scénario, 1974, deux films réalisés par Alain Resnais.

Georges Semprun membre de l'Académie Goncourt, le 6 juin 2007, a présenté une communication intitulée «Anthony Blunt, le clerc de la trahison», devant les membres de l'Académie des beaux-arts.

Pétri par l'action politique clandestine, l'expérience de la guerre et de la déportation dans sa jeunesse, Georges Semprun possède toutes les clefs en tant que témoin et acteur de l'histoire du XXe siècle, pour analyser le parcours de cet intellectuel formé à Cambridge, fasciné par le marxisme et admirateur de la peinture de Poussin. Anthony Blunt, en 1937, pouvait-il apprécier l'art moderne de Picasso, comprendre l'antifascisme ? Quelle était sa vision du monde et sa conception de l'art ? Conventionnelle ? Quelle est la part de son goût du secret et son désir de norme pour compenser le jeu de sa double vie, alors qu'il était capable de la plus grande liberté sociale ?

Le célèbre espion et historien d’art, Anthony Blunt
© Lynn Picknett & Clive Prince 2006

Comment Cambridge conduit cet intellectuel au communisme et à la trahison ?

Qui fut vraiment Anthony Blunt, historien d'art, espion au service de MI5 et «taupe» pour l'Union soviétique ?
Écoutez la retransmission de cette séance de l'Académie des beaux-arts qui lève une part du voile sur la double vie d'un des espions les plus célèbres du Royaume-Uni.

Pour en savoir plus

- Sur l'Académie Goncourt et Georges Semprun,
- Sur l'Académie des beaux-arts, puissance invitante, ce jour-là,
- Sur Anthony Blunt et l'Institut d'art Courtauld
- Sur l'essai de Georges Steiner, "Le clerc de la trahison", IN Cahier de l'Herne, sous la direction de P.E. Dauzat. À lire : « Le clerc de la trahison », l'article de George Steiner paru en 1980 dans le "New Yorker" à propos d'Anthony Blunt en 2003.

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