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Dans Un jour dans l’histoire :
Gilbert Dagron, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, a tenu la chaire d’histoire et de civilisation du monde byzantin au Collège de France. Il est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’Empire romain d’Orient et à Byzance, de ses débuts jusqu’à sa chute au XVe siècle. C’est dire que son érudition s’étend sur de nombreux siècles. Il n’aborde ici que le IVe, celui de l’Empereur Constantin le Grand.
Les victoires de l’Empereur et son adhésion au christianisme
Il commence par rappeler les principaux événements qui ont fait permis à Constantin de prendre le pouvoir : proclamé empereur par les troupes de son père en Bretagne en 306, il élimina ses adversaires, d’abord Maxence au Pont de Milvius en 312 puis Licinius en 324. Il fit alors le siège de Byzance (fondée légendairement par Byzas) et en agrandit les murailles. Constantinople était née. En 324, Constantin éleva l’un de ses fils, Constance II, au rang de César. Certains historiens considèrent que le 8 novembre 324 est la véritable date de naissance de Constantinople mais Gilbert Dagron explique l’importance de la Dédicace le 11 mai 330.
A la question : "Constantinople était-elle païenne ou chrétienne", il apporte toutes les nuances qui s’imposent. Non, Constantin n’a jamais été un destructeur de temples païens mais il n’a pas non plus couvert sa ville d’églises et de martyria. La vérité est entre les deux, comme il le démontre. Il rappelle que sur la religion personnelle de l’empereur converti au christianisme (et il en explique les conditions, ses visions du symbole christique, et son baptême sur son lit de mort), on ne dispose d’aucune source historique fiable. Ce qui parait certain à Gilbert Dagron c’est que l’empereur a considéré la nouvelle religion comme une contribution au bien public, les clercs étant appelés à jouer un rôle dans l’Etat.
Les louanges d’Eusèbe de Césarée
On ne saurait connaître l’empereur Constantin sans faire référence à la Vie de Constantin écrite par Eusèbe de Césarée (né en 260 ou 270 et mort à Césarée en Palestine en 339, deux ans après Constantin) et aux Louanges de Constantin pour les trente années de son règne (les Triakondaérétikos).
Mais ce que nous apprend surtout Gilbert Dagron, c’est à lire Eusèbe entre les lignes ! Ce qu’il n’écrit pas est au moins aussi important que ce qu’il écrit, d’autant qu’il se soumet à un genre littéraire comportant des règles strictes. Par ses silences, omissions, nuances ou jeux de mots, Eusèbe en dit plus que par ses mots écrits... Eusèbe n’est donc pas à considérer comme un panégyriste. Il dresse certes le portrait d’un empereur modèle mais il positionne aussi le pouvoir de l’empereur par rapport à celui des évêques.
Le césaropapisme
Ce sont toutes les relations entre le chef de l’Etat et les chefs de l’Eglise qui posent problème. Un problème que Gilbert Dagron a approché dans son ouvrage : Empereur et prêtre, étude sur le césaropapisme byzantin (Gallimard, 1996). Pouvoir religieux, pouvoir politique, quelle place pour chacun ? La question, posée dès les débuts du christianisme, n’a cessé de se poser au fil des siècles. Et selon Gilbert Dagron, elle se pose encore aujourd’hui dans certains régimes qui ont difficulté à poser la sphère réciproque de chacun de ces pouvoirs.
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