L’almanach des traditions et de la gourmandise

avec Sylvie Barnay, maître de conférences à l’Université de Metz
Avec Hélène Renard
journaliste

Sylvie Barnay, maître de conférence à l’Université de Metz, chargée de cours à l’Institut catholique, a publié un ravissant almanach des traditions religieuses et coutumes gastronomiques. Elle nous le présente ici, en rappellant ce qu’est un almanach.

Émission proposée par : Hélène Renard
Référence : pag268
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Sylvie Barnay, maître de Conférence à l’Université de Metz

Un almanach est un calendrier illustré d’images et d’histoires. Autrefois, les colporteurs les apportaient avec bonheur à toutes les populations des campagnes. Ils contribuaient à la douceur et à la tranquillité des jours. Sur ce modèle, Sylvie Barnay a voulu écrire un almanach pour aujourd’hui, avec une petite nostalgie rétro ! Recettes de cuisine et dictons suivent le fil de l’année où les noms des saints racontent aussi une diététique de la spiritualité. Une foule d’anecdote aide à remémorer un calendrier oublié, par exemple, la période des Rogations. Trois jours avant l’Ascension débutaient en effet les fêtes des Rogations (du latin rogationes, demandes humbles) consistant en trois jours de processions dans les champs et devant les fontaines pour que bénédictions et prières assurent leur fertilité ! Ces rites répandus au Moyen Âge rejoignaient ainsi les cérémonies antiques de réveil de la nature à l’occasion desquels on dégustait de petits gâteaux de forme triangulaire spécialement préparés pour l’occasion, également appelés « chapeaux de curé » ! Et ainsi de suite au fil du calendrier pour comprendre pourquoi on mange aujourd’hui madeleine, saint Honoré et autres confiseries…

Voici un extrait de cet almanach :
MOIS DE JUIN

Mois aux jours sans fin, le mois de juin rime aussi avec examens. Les chères têtes blondes d’hier recevaient solennellement un prix. Sous les peupliers, la fanfare résonne encore de ces triomphes d’autrefois. La tonnelle ploie sous les fleurs. Le soleil est à son sommet le 21 juin, jour du solstice d’été célébré depuis la nuit des temps. Les feux de la Saint-Jean allument les rires et font flamber les cœurs. L’almanach gourmand ne résiste pas aux nombreuses tentations qui lui sont offert : gâteau de la fête des mamans, brioches des mariés de juin, poisson de saint Pierre, galettes dorées, omelettes aux herbes… Tout un menu de traditions.

Le joli nom de juin
Il évoque tout à la fois les juniores, la jeunesse frémissante de l’Antiquité romaine, et la voluptueuse Junon, déesse de la Fécondité et du Mariage, femme attitrée de Jupiter, le souverain des dieux de l’Olympe.

Dans le calendrier républicain, juin s’appelle messidor.

©photo Lorenzo Salemi

Juin, c’est le mois des mariages ! Au XIXe siècle, le mariage était précédé d’une demande en bonne et due forme accompagnée d’un gâteau de demande et de toutes sortes de rites d’offrandes à boire. Un repas de bienvenue concluait les accords de fiançailles. La promise préparait alors son trousseau, avec la quenouille symbolique offerte par la marraine, mais la couturière était chargée de réaliser la robe de mariage aux fines broderies. Le jour du mariage avait lieu de préférence le mardi (pour une grande noce de trois ou quatre jours) ou le samedi (pour une petite noce d’un jour). On évitait le jeudi et le vendredi censés porter malheur… et le dimanche, jour du Seigneur !

À écouter aussi : les explications de Sylvie Barnay pour la Saint-Jean Jean-Baptiste et les feux de la Saint-Jean

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