Sociologie de la malbouffe

Avec Guy Paillotin, secrétaire perpétuel de l’Académie d’agriculture

Manger mal n’est toujours pas un choix ; cela dépend en partie de votre situation sociale. Les « nouveaux pauvres » étant de plus en plus nombreux en France, ils sont tous aussi nombreux à s’exposer aux risques d’obésité, de cancers, de maladies cardio-vasculaires... Sociologie de la malbouffe avec Guy Paillotin.

_ Le terme de malbouffe apparaît en 1980.
Symbolisée par les fast foods dans un premier temps, avec leur alimentation trop grasse, trop sucrée, la définition de la malbouffe s'est étendue à une critique plus globale dénonçant aussi le modèle productiviste et la société de consommation.

En France, depuis les années 1950, le prix des fruits et légumes frais a augmenté beaucoup plus vite que l'indice général des prix, et
le prix des corps gras beaucoup moins vite.
Nous nous retrouvons aujourd'hui dans un environnement où les calories « grasses » et « sucrées » n’ont jamais été aussi peu chères, et par conséquent aussi omniprésentes. Les conséquences en termes de santé publique sont inquiétantes, en particulier dans le domaine de la prise de poids, qui devient une nouvelle source d'inégalités sociales. (Un Français consommait 1 kg de glace par an en 1960... et 14 kg en 1995!)

L'étude réalisée par France Cavaillet montre qu'il n'est pas facile de bien s'alimenter à un faible coût.

Les ménages défavorisés consacrent une part plus importante de leur budget à l'alimentation (22% pour les ménages en dessous du seuil de pauvreté contre 18% en moyenne) (4 € par personne et par jour contre 6,3 € pour la population totale).
Le coût minimum strictement nécessaire pour respecter l'ensemble des apports nutritionnels conseillés pour la population française a été estimé par la technique d'optimisation de rations par programmation linéaire, à 3,2 € par jour et par adulte. Or, les personnes en situation de précarité, et notamment celles qui font appel à l'aide alimentaire pour se nourrir, consacrent en moyenne 2,5 €/j à leur alimentation.

Conséquences :
Être précaire signifie avoir trois fois plus de risque d’être obèse, s'exposer à des maladies cardiovasculaires, aux diabètes, à des cancers et au cholestérol (1/5 Français aurait plus de 2 ,5 g / litre de cholestérol dans le sang).

Les outils d'intervention se situent à un double niveau : nutritionnel (normes de fabrication, information et éducation, contrôle des messages publicitaires…) et économique (prix, revenu, normes d'étiquetage…). En voici quelques exemples :
- Baisser la TVA sur le prix des fruits et légumes pour un accès aux plus défavorisés
- Renforcer la qualité nutritionnelle des produits premiers prix (normes de production) et sa visibilité (étiquetage)
- Légiférer plus strictement sur la teneur en sel et en sucre dans les aliments cuisinés
- Consommer 5 fruits et légumes par jour
- Éduquer les enfants à une alimenation saine dans le cadre du système scolaire.

Prendre plaisir à sélectionner ses aliments au marché et cuisiner soi-même : la meilleure façon de manger sainement pour Guy Paillotin


Écoutez sans plus tarder cette émission en compagnie de Guy Paillotin, Secrétaire Perpétuel de l'Académie d'Agriculture, ancien président de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA).

En savoir plus sur :

Guy Paillotin, Dominique Rousset, Tais-toi et mange ! L’agriculteur, le scientifique et le consommateur, éditions Bayard, 1999.
- L'Académie d'agriculture

- Nos émissions consacrées à l'alimentation/gastronomie

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