Les mirages de l’art contemporain

avec Christine Sourgins
Avec Annet Sauty de Chalon
journaliste

L’art dit « contemporain », enfant de Marcel Duchamp, est né au détour des années soixante, détrônant l’Art moderne, à coups de surenchères provocatrices. Selon l’historienne et critique d’art Christine Sourgins, il n’a pas tardé à se révéler vide ne consistant qu’en manipulations et mirages. Une critique sans concession, un violent réquisitoire, que l’on partagera ou non mais qui a le mérite d’ouvrir le débat.

Émission proposée par : Annet Sauty de Chalon
Référence : carr230
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Christine Sourgins, historienne d’art

Christine Sourgins ne mâche pas ses mots : elle entend révéler ici ce qu'elle considère comme les secrets et les ressorts de ce qui représente une machine de guerre contre l’humanisme classique, une volonté de rééduquer des masses déracinées par une modernité qui n’enseigne plus le beau, le vrai et le bien.
Elle commence par définir ce mot ambigü : "contemporain". Il est souvent pris dans le sens d'une "lutte contre ce qui est". Il s'agit donc pour les tenants de cet "art" de déconstruire.
«La transgression de l’art devient l’art de la transgression», s’écrie-t-elle en commentant bon nombre «d’œuvres » souvent achetées à grand frais avec l’argent public. Cette dimension mercantile s’affirme comme indispensable à l’expression d’un système fondé sur le clientélisme. Mieux que cela, l’Art contemporain réalise une synthèse inédite entre les apôtres de la Révolution et les idolâtres de l’argent. En procédant à la « vidange des valeurs » (Jean Clair), il veut éradiquer tout ce qui s’opposerait à la seule loi du marché.

Evidemment, tous les artistes ne sauraient être classifiés sous cette étiquette d'art contemporain.
Mais Christine Sourgins veut nous ouvrir les yeux sur une réalité qui ne se limite pas à une caste (bien qu’il faille souvent y être initié pour la comprendre). En effet, l’Art contemporain semble trôner sur les politiques culturelles et finit par imbiber les mentalités, y compris chez les enfants des écoles trop souvent traînés dans des expositions qui, sans eux, resteraient vides...

Christine Sourgins cite des exemples frappants : à la suite du devenu célèbre "urinoir" de Duchamps, casser un piano, faire le procès des chaises, exposer la langue d’un punk défunt, montrer le pape écrasé par une météorite, exposer un camp de concentration en Lego, tout cela n’est pas anodin. L’Art contemporain, qui n'attache aucune importance à la technique et à son apprentissage, véhicule un nihilisme destructeur et mortifère.

L'auteur nous fait remarquer que, pendant longtemps, on s’est dispensé d’approfondir le sens de ces créations dites « conceptuelles » au prétexte que leur aspect loufoque suffirait à les discréditer.

Elle veut nous aider à prendre conscience que cet art finit par adopter la dimension d’une forme de « totalitarisme soft » (Guy Debord) qui réussit, comme l’avaient prédit Aldous Huxley et George Orwell, à opprimer sans recourir à la persécution physique.

L'ouvrage de Christine Sourgins Les mirages de l'art contemporain est publié par les éditions La Table ronde, 2005.

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