Monseigneur Dupanloup : académicien influent et polémiste contesté

Une personnalité d’Église complexe et engagée
Avec Christophe Dickès
journaliste

Dans la série de portraits sur « Les intellectuels catholiques des XIXᵉ et XXᵉ siècle», Benoît Schmitz, normalien et agrégé d’histoire, spécialiste de l’histoire de l’Église, nous présente Monseigneur Dupanloup, ancien évêque d’Orléans. Éducateur et pédagogue, il fut le maître d'Ernest Renan. Il était aussi engagé dans le monde politique et apparut comme un homme de compromis. Personnalité complexe, opposant à l’infaillibilité pontificale, plutôt libéral, il n’en resta pas moins engagé à la lutte contre la politique française en faveur de l’unité italienne.

Émission proposée par : Christophe Dickès
Référence : hist232
Télécharger l’émission (12.41 Mo)

Mgr Dupanloup sur le site de l'Académie française.

Né à Saint-Félix (Savoie), le 3 janvier 1802.
Auteur de nombreux ouvrages religieux destinés à la jeunesse, orateur sacré, évêque d'Orléans, Monseigneur Dupanloup fut élu député et sénateur inamovible en 1875. Il poursuivit la canonisation de Jeanne d'Arc et fut l'un des auteurs de la loi de 1850 sur la liberté de l'enseignement. Pendant un temps il fut professeur d'éloquence sacrée à la Sorbonne mais son cours fut suspendu à cause de ses attaques contre Voltaire qui soulevèrent de nombreuses protestations. Il soutint contre Louis Veuillot et son journal l'Univers une polémique religieuse retentissante. Son attitude hostile à l'Empire après la guerre d'Italie le fit poursuivre en 1860. Au mois d'octobre 1870, il fut retenu prisonnier dans son palais épiscopal pendant quelques jours par les troupes allemandes.

Dupanloup, combattu par les gouvernementaux, fut difficilement élu à l'Académie le 18 mai 1854 en remplacement de Pierre-François Tissot. Il fut reçu par le comte de Salvandy le 9 octobre suivant. Dans son discours, Dupanloup ne parla pas du théâtre de Tissot mais le loua en tant que traducteur de Virgile.

Il fut aussi un des chefs du parti religieux à l'Académie et dirigea son opposition à la guerre d'Italie. Il patronna la candidature de Lacordaire et combattit avec passion celle de Littré, ainsi que les candidatures éventuelles de Taine et de Renan. Il publia également un Avertissement à la Jeunesse et aux Pères de famille qui décida l'élection de Louis de Carné, au troisième tour de scrutin, contre Littré. L'opinion publique protesta vigoureusement contre cette élection et contre l'influence qu'avait exercée Dupanloup.

En 1864, il fit refuser un prix que l'Académie se disposait à donner à Taine pour son Histoire de la Littérature anglaise. Lorsque Littré fut élu en 1871, la colère de Dupanloup fut telle qu'il voulut donner sa démission d'académicien. L'Académie vota l'ordre du jour pur et simple sur cet incident, par 28 voix sur 30 votants, et, cédant aux instances de Guizot, l'évêque d'Orléans ne persista pas dans sa première décision. Avant de mourir, il manifesta le regret de ne pouvoir voter pour Taine, qu'il avait combattu autrefois, mais dont les derniers ouvrages le réconciliaient avec lui.

Il mourut le 11 octobre 1878.

Cela peut vous intéresser