Jaune : histoire d’une couleur mal-aimée

Entretien avec Michel Pastoureau au sujet du nouvel opus de son histoire des couleurs
Michel PASTOUREAU
Avec Michel PASTOUREAU
Correspondant

Pourquoi donc le jaune est-il aujourd’hui la couleur la moins aimée des couleurs de base, loin derrière le bleu, le rouge ou le vert ? Pour Michel Pastoureau, qui lui consacre le nouveau volume de sa monumentale histoire des couleurs (Jaune. Histoire d’une couleur, Le Seuil, 2019), la réponse ne se trouve pas tant dans notre rétine que dans les profondeurs de notre imaginaire historique et symbolique. En effet, après avoir été célébré comme une couleur quasi sacrée dans l’Antiquité, le jaune a amorcé son déclin au Moyen Âge qui en a fait un symbole de maladie et de félonie avant que la sobriété chromatique promue par la Réforme protestante et les valeurs bourgeoises du XIXe siècle ne le rejettent en dehors de la bienséance. Pourtant un jaune positif persiste : celui des artistes d’avant-garde tels que les Fauves et bien sûr celui du célèbre « maillot jaune ». Michel Pastoureau se garde donc bien d’enterrer définitivement cette couleur en attente de rédemption. Comme en témoigne la soudaine irruption des « gilets jaunes » dans le champ politique et social, l’histoire des couleurs se poursuit sous nos yeux, si bien que le jaune est peut-être une couleur d’avenir.

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