Maintenant que la jeunesse, Louis Aragon

Lecture par Robert Werner
Robert WERNER
Avec Robert WERNER
Correspondant

Robert Werner, correspondant de l’Académie des beaux-arts, lit cette semaine Maintenant que la jeunesse, de Louis Aragon.

Maintenant que la jeunesse
S'éteint au carreau bleui

Maintenant que la jeunesse
Machinale m'a trahi

Maintenant que la jeunesse
Tu t'en souviens souviens-t-en

Maintenant que la jeunesse
Chante à d'autres le printemps

Maintenant que la jeunesse
Détourne ses yeux lilas

Maintenant que la jeunesse
N'est plus ici n'est plus là

Maintenant que la jeunesse
Sur d'autres chemins légers

Maintenant que la jeunesse
Suit un nuage étranger

Maintenant que la jeunesse
A fui voleur généreux

Me laissant mon droit d'aînesse
Et l'argent de mes cheveux

Il fait beau à n'y pas croire
Il fait beau comme jamais

Quel temps quel temps sans mémoire
On ne sait plus comment voir

Ni se lever ni s'asseoir
Il fait beau comme jamais

C'est un temps contre nature
Comme le ciel des peintures

Comme l'oubli des tortures
Il fait beau comme jamais

Frais comme l'eau sous la rame
Un temps fort comme une femme

Un temps à damner son âme
Il fait beau comme jamais un temps à rire et courir

Un temps à ne pas mourir
Un temps à craindre le pire
Il fait beau comme jamais

 

Maintenant que la jeunesse, Aragon 

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