« Napoléon ou la maîtrise de l’opinion publique »

Communication de Jean Tulard, membre de l’Académie des sciences morales et politiques.
Jean TULARD
Avec Jean TULARD
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Comme l’a rappelé Jean Tulard, aux yeux de Napoléon, l’opinion publique peut être utilement prise en compte, pourvu toutefois qu’elle soit clairement subordonnée au politique. Ainsi, devant le Conseil d’État, l’Empereur déclaré, en 1804 : « Je respecterai les jugements de l’opinion publique quand ils seront légitimes, mais elle a des caprices qu’il faut savoir mépriser. C’est au gouvernement de l’éclairer et non de la suivre dans ses écarts. J’ai pour moi la volonté de la Nation et une armée de 500 000 hommes. » Le pouvoir du premier consul, puis de l’empereur, dérive des seuls plébiscites, censés exprimer irrévocablement la voix de la Nation. Toutefois, la réussite la plus nette de Napoléon face à l’opinion publique n’est pas de l’avoir muselée, mais d’avoir durablement imposé sa légende. Dès la campagne d’Italie, Bonaparte se révèle un maître en communication. Il se crée une image à la fois héroïque et immédiatement reconnaissable, à travers sa tenue et ses postures. Elle se décline aussi bien dans les grandes peintures académiques que dans la gravure populaire. La construction de cette mythologie se poursuit au-delà de la chute de l’Empire, à destination de la postérité, ce qui arrachera ce cri à Chateaubriand : « Vivant il a manqué le monde, mort il le possède. »

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