Réflexions sur la société post-industrielle

par Daniel Cohen, professeur de sciences économiques à l’Ecole Normale Supérieure
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Lors de la séance du 23 octobre 2006 de l’Académie des sciences morales et politiques, l’économiste Daniel Cohen donnait une communication sur le thème : Réflexions sur la société post-industrielle. Professeur de sciences économiques à l’Ecole Normale Supérieure, directeur du CEPREMAP, le Centre pour la recherche économique et ses applications, il est aussi l’auteur de "Trois leçons sur la société post-industrielle", publié au Seuil, en 2006.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : es206
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Daniel Cohen constate que nous avons quitté la société industrielle née entre 1913 et 1973, "un bref XXè siècle", où le mode de production était lié à un mode de protection. Chacun réfléchissait de manière solidaire. Les dirigeants d'entreprise étaient des salariés comme les autres. Ils partageaient les conditions salariales de leurs employés dans la mesure où ils cherchaient à protéger leurs salariés des risques industriels. Les ingénieurs pensaient, élaboraient des systèmes de production, les ouvriers, par le travail à la chaîne, prenaient leur part dans cette société. Daniel Cohen parle d'holisme industriel. Cette société industrielle n'est plus. Ses liens hiérarchiques ont disparu avec elle.

Quelles sont les causes de la transformation du monde contemporain introduite par la troisième révolution industrielle, celle des années soixante-dix pendant lesquelles émergent de nouvelles technologies?

Notre société post-industrielle, née à la fin du XXè siècle par l'introduction d'une "technologie à tout faire", c'est-à-dire qui ouvre les champs du possible, entraîne également de nouveaux rapports sociaux.

Quelles ruptures ont conduit aux transformations du monde contemporain?

Daniel Cohen en distingue principalement cinq, les deux dernières étant primordiales :
- l'introduction de nouvelles technologies (Arpanet, l'invention du micro-processeur, la commercialisation des ordinateurs);
- l'essouflement de la production interne associée au travail à la chaîne;
- La remise en cause de la division du travail du système fordiste par les générations liées à Mai 68;
- la révolution financière des années 80 marquée par le désintérêt des actionnaires pour les stratégies de diversification des activités;
-
la mondialisation qu'on pourrait limiter pour l'essentiel, selon ses propos, au retour de la Chine et de l'Inde dans le commerce international, fin des années 80-début 90.

Daniel Cohen analyse la mondialisation actuelle dans la perspective de celles qui l'ont précédée, au XIXè siècle par exemple, et dans les théories économiques comme celle de David Ricardo ou bien celles des années 1980.
La mondialisation liée à la révolution des moyens de communication génère un décalage nouveau, un écart très fort, source de frustrations entre les attentes de certains pays et les réalités du monde.

Pour en savoir plus :
Daniel Cohen, Trois leçons sur la société post-industrielle, Le Seuil, la République des idées, 2006.

L'intégralité de cette communication peut également être entendue et lue sur le sites de l'Académie des sciences morales et politiques asmp.fr

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