Archi-mémoires. Entre l’art et la science, la création , un livre de Paul Andreu

L’architecte est l’invité de Marianne Durand-Lacaze
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Paul Andreu est d’abord connu pour être l’architecte de Roissy et de l’Opéra national de Pékin. Son œuvre immense ne se limite pas aux seuls aérogares qu’il a construits partout dans le monde. Membre de l’Académie des beaux-arts depuis 1996, l’architecte ces dernières années prend la plume au point qu’aujourd’hui, l’écriture lui est devenue indispensable. Il publie en mai 2013 un nouvel opus Archi-mémoires, ente l’art et la science, la création chez Odile Jacob, un regard distancié sur lui-même teinté humour, sur son œuvre et son parcours.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : pag1154
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L'œuvre architecturale de Paul Andreu commencée il y a près de 50 ans est fidèle à l'idée "d'audace" dans la création et à l'idée de confluence au service de la beauté architecturale et de ceux, hommes et femmes qui traverseront, s'arrêteront ou habiteront ou travailleront en ces lieux. Il a parcouru le monde, dessiné, construit. Le désir ne l'a pas quitté dit-il. L'architecte de Roissy, du musée maritime d'Osaka et de l'Opéra national de Pékin, pour ne citer que trois de ses œuvres construites, lauréat du Grand Prix d'Architecture en 1977 ou encore du Grand Prix du Globe de Cristal en 2006, aurait-il encore quelque chose à prouver, à transmettre ?

Pour écrire sur sa vision de l'architecture, sur ses projets avortés ou ses œuvres construites, Paul Andreu s'était fixé quelques objectifs. Il ne souhaitait pas écrire de "mémoires" au sens classique mais écrire sur une série de faits et d'expériences qu'il a traversées :« Je ne parlerai pas de moi de façon intime, je ne citerai aucun nom propre, je ne me justifierai pas et j'essaierai d'en rester à ce domaine des idées que j'aime sur le ton d'une conversation, sur tout ce qui m’intéresse, ce que j'ai compris ou non, ce qui me passionne, ce que je crois comprendre. »

Dans ce livre, où plus d'une centaine de croquis ponctuent le texte et s'allient avec ses mots, l'architecte s'adresse avec virtuosité à tous, architecte, jeune architecte, comme au non-spécialiste. Tous peuvent apprécier la lecture de cet ouvrage où Paul Andreu le polytechnicien, l'ingénieur, l'architecte, à la manière d'un Montaigne transmet autre chose que des faits peut-être à son insu. Il offre aux lecteurs une vie en transparence où chacun peut prendre la mesure du métier d'architecte et de sa complexité. Critique Paul Andreu sonde l'archipel de sa mémoire sans compromis, dans une écriture qui sonne juste sur les années passés, le travail accompli, le désir toujours là : l'émergence contenue des regrets n'étouffent en rien les projets a venir.

Son architecture est semble-t-il à l'image de ces lieux de confluence qu'il affectionne tout particulièrement : son écriture tout autant. S'il a choisi de ne pas parler d'intimité, le doute intime de celui qui crée effleure à chaque page comme une force nécessaire pour aller au bout de la création entre art et science.

« C’est arrivé d’un seul coup, j’ai décidé de devenir architecte. La science, l’art, les deux m’attiraient. Pourquoi pas l’un et l’autre ? N’y avait-il pas des lieux de confluence ? L’architecture, sans doute parce que j’en ignorais absolument tout, m’a paru être l’un d’eux. C’est ainsi que je l’ai découverte, puis aimée. J’ai compris qu’on n’était jamais architecte, pas plus qu’on n’est peintre ou poète, mais qu’on pouvait chaque jour le devenir un peu plus ».

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