"La France nouvelle" (1868) d’Anatole Prévost-Paradol, présenté par Gabriel de Broglie

Pour le Chancelier de l’Institut de France : "l’un des plus beaux testaments politiques du XIX e siècle"
Avec Damien Le Guay
journaliste

Anatole Prévost-Paradol, né en 1829 et qui se suicidera en 1870, membre de l’Académie française et auteur, surtout, de La France Nouvelle, reste un oublié du libéralisme. Les étudiants de Sciences-po connaissent sa formule « la Révolution (de 1789) a fondé une société, elle cherche encore son gouvernement » ou cette autre : « Ne pas renoncer à une idée sous prétexte qu’elle n’est pas nouvelle ». Mis à part cela, on peut le classer parmi les illustres inconnus. Et c’est un tort. Gabriel de Broglie, Chancelier de l’Institut de France et historien du XIX è siècle, vient de préfacer La France Nouvelle republiée aujourd’hui. Invité de notre journaliste Damien Le Guay, il retrace la vie et l’œuvre d’un homme aux multiples talents !

Émission proposée par : Damien Le Guay
Référence : pag1066
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En écoutant cet entretien avec Gabriel de Broglie -qui considère Prévost-Paradol comme « un héros oublié du libéralisme »-, vous découvrirez, dans une première partie, cette vie « romanesque » et cette mort qui ne l’est pas moins. Et, dans une seconde partie, les lignes de force de son livre La France Nouvelle que l'on peut désormais relire avec profit.
Le texte ci-dessous est un résumé des propos de notre invité qui offre beaucoup plus de détails utiles et de précisions essentielles.

Anatole Provost-Paradol est né en 1829. Sa mère est comédienne à la Comédie Française. Il est l’enfant naturel de Léon Halévy - assistant-bibliothécaire à l'Institut de France, homme de lettres, auteur de romans et de pièces de théâtre. Il est donc le demi-frère de Ludovic Halévy, élu à l'Académie française en 1884 – qui sera librettiste pour Offenbach – et l’oncle de Daniel Halévy, élu à l'Académie des sciences morales et politiques en 1949 – qui naîtra un an après sa mort.

Très vite il est remarqué pour ses qualités intellectuelles. École Normale en 1849. Il embrasse la carrière de journaliste, de polémiste dans les journaux importants de l’époque – dont le Journal des débats dirigé par Bertin.

Lucien-Anatole Prévost-Paradol

Ses centres d’intérêt sont à la fois la littérature et la politique. Vite, il souhaite se présenter, « faire carrière », mais ne parviendra jamais à se faire élire député. Il se présente en 1863 et est battu. Alors, pour être orléaniste et talentueux, il est élu à l’Académie Française en avril 1865, alors même qu’il n’a pas publié grand-chose, contre une « pointure » à savoir Jules Janin.

Signalons que depuis 1852, l’Académie est devenu le refuge de l’opposition à l’Empire. Elle est même, dit René Rémond « un salon orléaniste ». Pour cette élection, il est parrainé par Mgr Dupanloup, bien qu'il ne soit pas pas un grand catholique et qu'il soit même plutôt anticlérical avec des croyances que d’aucuns qualifieraient de « protestantes ».
Mais, toutes les tendances de l’orléanisme y sont représentées : Victor de Broglie, ancien ministre de Louis-Philippe est élu en 1855. Son fils, Victor de Broglie, futur chef de gouvernement en 1873, est élu à l’Académie en 1862. Sylvestre de Sacy (rédacteur du Journal des débats) élu en 1854. Lacordaire élu en 1860.

Assez vite, son destin va basculer. En juillet 1868, il publie son maître-ouvrage, qui restera comme une référence du libéralisme, La France nouvelle où il expose, comme si la parenthèse de l’Empire était déjà fermée, son programme de politique libérale pour la France. En 1869, il se présente de nouveau à la députation – et cette fois-ci à Nantes.
Seconde tentative. Second échec. Sa femme meurt la même année.

La France nouvelle

Fin 1869, Emile Olliver est nommé chef du gouvernement. Prévost-Paradol croit, avec d’autres, à l’ouverture politique et libérale de l’Empire. Il pense même, non sans un immense orgueil, être pour partie à l’origine de ce changement. Il finit par accepter un poste. Le 15 juin 1870, il est nommé ministre plénipotentiaire aux États-Unis d’ Amérique où il part. Le 19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse. Dépité, trahi, dépassé par les évènements, se sentant responsable et coupable, il finit, le 20 juillet, par se suicider.

Cette mort tragique sera jugée « absurde » par Albert Thibaudet et bien d’autres. Libéral, il s’était rallié au tournant libéral du régime. Thibaudet imagine même qu’il aurait été élu à l’assemblée nationale en 1871 et serait «devenu une des grosses têtes de la République jusqu’en 1890 ou 1900».

Résumé par Damien Le Guay

Gabriel de Broglie, Chancelier de l’Institut de France


En savoir plus :

Lisez : Anatole Prévost-Paradol, La France Nouvelle, Perrin, 2012

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Sur Gabriel de Broglie, Chancelier de l’Institut de France, membre de l’Académie française et de l’Académie des Sciences morales et politiques

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