L’urgence éthique. Une autre vision pour le monde des affaires

Emmanuel Toniutti, l’auteur, plaide pour un retour d’urgence de l’éthique !
Avec Jean-Louis Chambon
journaliste

Emmanuel Toniutti prône plus d’éthique dans le comportement des dirigeants, remettant alors l’humanisme au centre du libéralisme, ce qui n’empêche en rien la course aux performances ! Dans son livre L’urgence éthique, il s’entretient avec Alain Mainguy, directeur du centre de perfectionnement pour un dialogue ouvert sur le monde des entreprises. Emmanuel Toniutti est l’invité de Jean-Louis Chambon.

Émission proposée par : Jean-Louis Chambon
Référence : pag1027
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A l’orée de cette nouvelle année sur laquelle pèse bien des hypothèques économiques, financières, sociales et politiques, aller jusqu'à penser que 2012 puisse, contre toute attente, être aussi l'année du « renouveau », d’un redémarrage de la société civile vers un avenir plus ambitieux, additionnant plus de responsabilités pour le présent et d'ambition pour les générations futures, c'est sans doute surprenant, mais nullement délirant. Cela suppose pour le modèle occidental que deux conditions préalables se mettent progressivement en place :

- la première nécessite que les chefs d'Etats européens passent plus de temps à consolider les constructions de l'Histoire européenne et à ouvrir une nouvelle page d’une souveraineté commune plutôt qu'à les remettre en cause, soit par leur frilosité, soit par leur indécision ou bien encore par des visions étroitement nombrilistes et passéistes.

- la seconde et non la moindre, concerne les dirigeants dans leur façon d'être et de faire. Il s'agit de l’éthique et en réalité aussi d'une urgence.

L’ « urgence éthique » est parfaitement développée sous ce titre dans le livre d’Emmanuel Toniutti. «Cette demande insistante, grandissante est apparue un peu partout dans le monde, sous des formes périphériques ou basiques (démocratie, liberté, justice) mais les dirigeants du monde occidental, dit avancé, seraient bien mal inspirés s'ils devaient considérer que cet appel ne les concernent pas ou peu. La crise de l'économie libérale a montré à quel point le modèle était épuisé ; de même que l’obsession de la maximisation du profit à court terme, le plus souvent au détriment de l'ensemble des autres parties prenantes, a progressivement conduit les leaders vers moins de pratiques vertueuses, et la captation démesurée des richesses produites, sous forme de rémunérations, et d'avantages exorbitants, sans lien avec leurs mérites et ceux du corps social.»

Sur bien des points ce sont les grands principes du libéralisme qui ont été pervertis : au lieu et place du progrès pour tous, s’est instaurée une logique d’élitisme autour de dirigeants, obsédés par la performance économique et délaissant la dimension humaine.

Les crises répétitives du XXIème siècle sont venues opportunément souligner ces dérives, et l’éloignement tragique qui s'est instauré avec les valeurs d'origine du capitalisme libéral.

« Cette urgence éthique c'est donc la prise de conscience de la règle et des valeurs de l'entreprise MAIS qui doit conduire à une opérationnalité sur le double plan des performances économiques et des performances au plan de l'humain… », cette double capacité définissant le modèle du « leader responsable » ce «dirigeant chevalier» dont nous appelons l'apparition de nos vœux.

Emmanuel Toniutti est Président de l’International Ethics Consulting Group (IECG) depuis 2005

- Remettre l'humain au centre de l'entreprise, renforcer la responsabilité citoyenne et le développement durable apparait sur bien des plans comme le grand défi managérial de l'avenir. Sans doute, et c'est un espoir, les jeunes générations de dirigeants y seront plus sensibles, parce que plus concernées.

Emmanuel Toniutti, ancien sportif de haut niveau (tennis), docteur en philosophie et théologie, préside l'International Ethics Consulting Group. Chef d'entreprise et coach de dirigeants, expérimenté, il enseigne l’éthique des affaires et la responsabilité sociale dans de nombreuses business schools en Amérique, Chine, Europe et au Maghreb.

Il tire de ses expériences les enseignements qu'il consigne dans son nouvel ouvrage : L'auteur ne croit pas au scenario du pire mais plutôt à une forme vertueuse des crises, comme accélérateur de la prise (nécessaire) de conscience chez les dirigeants de leur devoir d’exemplarité.

Il se montre largement convaincu de leurs capacités de remise en cause, autour des valeurs fondamentales du capitalisme libéral, progressivement délaissée, chez les nouvelles générations en particulier.

L'exemple des dirigeants salariés français qui ont montré, en élaborant au cœur de la crise leur charte de déontologie, premier facteur durable de leur identité commune, qu'il n'y avait aucune forme de fatalité à ces dérives.

Au micro de Jean-Louis Chambon, Emmanuel Toniutti revient sur sa thèse centrale d'un possible «business model universel» ou l’argent n'est «plus l'objectif premier de l’activité des dirigeants mais une résultante d'un projet de société, d'une mission au service de l'être humain.»

Penser que l'homme n'est pas fondamentalement mauvais et que les dirigeants peuvent redevenir exemplaires, aller jusqu’à en donner des éléments de réponse, n'est-ce pas la meilleure leçon d'optimisme pour 2012 ?

L'ouvrage est publié aux Editions IECG.

- Site web de l'IECG

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