Primaires au centre

Plus que jamais d’actualité... la chronique de François d’Orcival
François d’ORCIVAL
Avec François d’ORCIVAL
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Le samedi, le socialiste ariégeois Jean-Pierre Bel est élu président du Sénat ; le dimanche, Jean-Louis Borloo renonce à sa candidature présidentielle. L’avertissement des sénatoriales aura donc servi. La gauche gagne grâce à la division et à la dispersion à droite. Cela allait-il continuer ainsi jusqu’à la présidentielle et aux législatives ? A 60 ans, Borloo n’était pas candidat au suicide politique...

Il y avait donc quatre concurrents pour se disputer les voix du centre en 2012 : Bayrou, Villepin, Morin et Borloo. Ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy pendant trois ans et demi, Morin fit d’abord mine de rejoindre la confédération centriste de Borloo : ils ne devaient pas être candidats l’un contre l’autre. A priori, cela laissait la voie libre au président du parti radical. Celui-ci se doutait-il que Morin allait lui savonner la planche durant tout l’été pour arriver seul à l’étape ? Borloo savait pourtant bien que Morin avait été le très ardent lieutenant de Bayrou avant de rallier Sarkozy au second tour de 2007. Sans autres troupes que des ex-ministres amers, Borloo pouvait-il aller bien loin ? Restait à choisir la date du désistement : la défaite des sénatoriales a accéléré le calendrier. Elle lui fournissait l’occasion de sortir la tête haute en donnant une belle leçon (« l’intérêt national dans la crise »), laissant Morin se réjouir, seul, de la défaite, Morin grâce à qui Sarkozy aura pu écarter Borloo.

Dominique de Villepin est-il encore dans la course ? Libéré de l’affaire Clearstream, il a sacrifié son mouvement, perdu ses derniers fidèles, partant en vrille avec un projet plus socialiste que celui du PS. Ancien premier ministre, ancien secrétaire général de l’Elysée, et aussi grand admirateur de Napoléon, il est bien placé pour savoir que son aventure s’est achevée par une double abdication : mieux vaut négocier avant.
François Bayrou, le Béarnais tenace, aura ainsi vu ses concurrents s’effacer d’eux-mêmes, n’ayant plus sur sa route que le « renégat » Hervé Morin. Le duel promet ! A l’écart du pouvoir depuis quinze ans, son seul problème sera de peser assez pour faire monter les enchères entre le candidat du PS et Sarkozy. Mais il y a la crise économique et financière – et celle-ci réduit singulièrement l’espace disponible entre les deux champions. Le renoncement de Borloo est un démenti aux rêveurs de la troisième voie.

François d’Orcival

Le texte de cette chronique est paru dans Le Figaro Magazine du samedi 8 octobre 2011. Elle est reprise ici par son auteur, avec l’aimable autorisation de l’hebdomadaire. Les propos de François d’Orcival n’engagent que lui-même, et non pas l’académie à laquelle il appartient ni l’Institut de France.

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