Les Antilles à Paris, une exposition à la bibliothèque Mazarine

De nombreuses richesses sur l’histoire des Antilles, par Françoise Thibaut, correspondant de l’Institut
Avec Françoise THIBAUT
Correspondant

La bibliothèque Mazarine, située dans l’aile gauche de l’Institut de France, propose une exposition sur les Antilles d’une très grande richesse qui revient sur l’histoire tourmentée des îles Caraïbes en s’appuyant sur des témoignages, des récits des plus variés et des documents privés et publics. Elle donne à voir des documents très rares, tous manuscrits, pour la plupart jamais montrés, relatant le destin des Antilles depuis leur découverte par les Espagnols à l’abolition définitive de l’esclavage dans les possessions françaises en 1848. Françoise Thibaut nous fait partager avec enthousiasme tout l’intérêt de cette visite à la fois historique et artistique.

Émission proposée par : Françoise THIBAUT
Référence : sav606
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Phares de cette exposition : la première édition en 1614 de la narration de Bartolome de Las Cases, ou bien l’édition originale du Code Noir de 1688 . Cette collection existe depuis le Cardinal de Mazarin, c'est à dire depuis 1643, et elle s’est enrichie en 2003 du legs exceptionnel de Marcel Chatillon.

En 1635 la Guadeloupe et la Martinique deviennent françaises et en 1664 la Compagnie des Indes Occidentales est créée à l’initiative de Colbert. En 1685 le Code Noir est rédigé, rassemblant et harmonisant un ensemble de mesures déjà largement prééxistantes. En 1697 la France s’empare de l’ouest de Saint Domingue. Un siècle colonial passe avant qu’en 1788 soit créée, copiée sur la démarche britannique, la Société des Amis des Noirs, avant la première abolition de l’esclavage en 1794 par la Première République. Rétabli par Bonaparte en 1804 – pour d’évidentes raisons économiques – la question esclavagiste devient un épouvantable sujet de discordes et de règlements de comptes : on trouvera ainsi une correspondance entre le général Leclerc envoyé rétablir l’ordre et le fils ainé de Toussaint Louverture.

Le Congrès de Vienne interdira la Traite, mais celle-ci survivra plus ou moins clandestinement jusqu’aux alentours de 1865, bien que l’esclavage fut – dans les colonies françaises – définitivement aboli en 1848 . On trouvera aussi le premier texte de Victor Schoelcher (1804-1893) sur ce sujet, écrit en 1833.

Documents officiels, lettres privées, livres de bords, inventaires, travaux

de tous ordres soigneusement répertoriés et conservés, cette exposition est une mine, un trésor pour les amateurs de l’histoire antillaise et pour la meilleure connaissance de sa société, de son environnement ; les inventaires de successions dessinent le mode de vie des colons, leurs éléments de fortune ou leurs soucis de faillites ou liquidations judiciaires. La botanique et l’histoire naturelle ne sont pas en reste : on peut admirer l’original de l’Histoire naturelle et morale des Antilles par César de Rochefort, datant de 1658 ; le Traité des fougères des Antilles de Plumier imprimé par l’Imprimerie Royale en 1705 et les splendides travaux et planches botaniques de Richard de Tussac datant de 1808/1827 ainsi que les registres de Descourtils.

Et puis des témoignages variés tels le premier dictionnaire de Franco-Caraïbe dû à Raymond Le Breton en 1666, les plans des batteries de Grande et Basse Terres de 1786, des almanachs annuels, les registres des receveurs des Fermes générales pour le sucre et les esclaves : enfin les mémoires du Père Jean-Baptiste Labat (S.J.) rédigés de 1716 à 1722, témoignage inégalable de la société créole.

Témoignage d’un mode de vie à jamais disparu, d’une société enfouie dans les romans coloniaux, la discrète exposition de la Bibliothèque Mazarine fait de nous les complices ébahis d’une période sociale complexe dans un cadre exceptionnel. L’histoire tourmentée des iles Caraïbes, sans cesse convoitées et successivement appropriées par les Espagnols, les Portugais, les Bataves, les Britanniques, les Français, revit ici, sous nos yeux pour quelques semaines, d’une manière vivante et incomparable.

Exposition “Les Antilles à Paris
Du 18 septembre au 22 décembre 2011 de 10h à 18h du lundi au vendredi
Téléphone : 01 44 41 44 06
Cette exposition s'inscrit dans le cadre des manifestations "2011-Année des outre-mer".

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