Europe : la relation France et Allemagne, mouvementée et indispensable

Une nouvelle chronique européenne de Jean-Dominique Giuliani

Le couple franco-allemand est depuis longtemps le principal moteur de l’Union européenne. Une fois de plus, et en temps de crise, il semble s’imposer comme un leader providentiel. Jean-Dominique Giuliani livre ses analyses sur cette relation parfois mouvementée, mais indispensable à l’Union.

_ Tous les observateurs s’accordent pour diagnostiquer un manque de leadership au sein de l’Union européenne. Les institutions issues du Traité de Lisbonne n’ont rien arrangé. La crise économique attise les tensions et les angoisses. Les égoïsmes sont de retour, avec les spéculateurs qui testent la solidité de l’Euro. De ce point de vue, l’été 2011 restera comme une nouvelle épreuve pour l’Union.

À cette situation l’Allemagne et la France ont tenté de répondre, d’abord en provoquant un sommet de la zone Euro le 21 juillet. Il a pris les décisions courageuses d’aider de nouveau la Grèce, de réaffirmer la solidarité européenne en mobilisant de nouveaux crédits publics et privés pour les États en difficulté. Puis les deux « poids lourds » de l’économie européenne ont dû, de nouveau, intervenir le 16 août. Lançant le fameux « gouvernement économique de la zone Euro », composé des chefs d’État et de gouvernement qui se réunira deux fois par an sous la houlette d’un président permanent, vraisemblablement Herman Van Rompuy, ils ont pris l’initiative de proposer dans le même temps aux 17 États de l’Euro d’adopter dans leurs constitutions la « règle d’or » qui limite les déficits et d’instaurer une taxe européenne sur les transactions financières.

Ce double message de solidarité et d’avertissement lancé aux spéculateurs et à l’irrationalité des marchés financiers est complété par le renforcement de la coopération franco-allemande, qui, désormais, sera systématique et approfondie pour toute décision économique et financière. Les deux États entendent même instaurer en 2013 un impôt sur les sociétés commun, c’est-à-dire basé sur la même assiette et avec le même taux. Cette dernière annonce n’est pas la moindre. Au-delà des commentaires et des interrogations, elle démontre mieux que tous les discours combien l’Allemagne et la France estiment avoir destins liés et sont déterminés à s’accorder quand l’essentiel est en jeu.

Pour Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, quelles que soient les différences, les difficultés et les échéances électorales, les solutions à la crise sont et demeurent européennes et, à défaut, franco-allemandes. Faut-il y voir l’amorce d’une refondation de la coopération européenne qui pourrait conduire à renforcer en priorité l’intégration entre les deux partenaires, en prenant acte de la difficulté de décider à 27, voire à 17 ? Certains le pensent déjà. Les propositions qu’ils feront dans les semaines qui viennent peuvent en effet le confirmer…

Jean-Dominique GIULIANI

Jean-Dominique Giuliani préside la fondation Robert Schuman, centre français de recherches sur l’Europe. Il est l'auteur d'un livre sur la présidence française de l’Union européenne : Un Européen très pressé, paru aux éditions du Moment.

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