Réception de François Weyergans à l’Académie française

Retransmission de la cérémonie du 16 juin 2011, sous la Coupole
Erik ORSENNA
Avec Erik ORSENNA de l’Académie française,

François Weyergans a été reçu sous la Coupole, le jeudi 16 juin 2011 par Erik Orsenna. Il a prononcé l’éloge de Maurice Rheims. Canal Académie vous propose d’écouter la retransmission de cette séance solennelle de l’Académie française.

L'écrivain franco-belge François Weyergans, lauréat du Prix Goncourt en 2005 pour Trois jours chez ma mère et du Renaudot en 1992 pour La démence du boxeur a été reçu sous la Coupole de l'Institut de France le 16 juin 2011. Il a été élu le 26 mars 2009 à l’Académie française, au fauteuil 32. Ses parrains sont les académiciens Yves Pouliquen et Angelo Rinaldi.

Vous écoutez dans un premier temps le discours de François Weyergans puis celui d'Erik Orsenna.

© Canal Académie

Fils d'un père belge, Franz Weyergans, écrivain lui aussi, et d’une mère avignonnaise, il suit les cours de l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC) et se passionne pour Bresson et Godard. Il écrit dans Les Cahiers du cinéma avant de réaliser en 1961 un premier film sur Maurice Béjart. À la suite d'une psychanalyse, il publie en 1973 un compte rendu sarcastique de sa cure. C'est la substance de son roman Le Pitre, remarqué par la critique, qui obtient le prix Roger-Nimier. Puis, en 1981, Macaire le Copte (Gallimard) est consacré par le prix Rossel en Belgique et obtient aussi le prix des Deux Magots en France. Dès lors, Weyergans se voue entièrement à la littérature.

Dans son discours, prononcé le 16 juin 2011 sous la Coupole de l’Institut de France, il rend hommage à Maurice Rheims.

Extraits du discours d'Erik Orsenna :

- « Qui êtes-vous, François Weyergans ?
Quelque chose me dit que la réponse, si réponse il peut y avoir, est plus dans vos livres que dans l’état civil.
Donnons juste quelques traits, pour avoir un cadre.
Naissance en 1941, à Bruxelles.
Chers amis, ne croyez surtout pas certaines interviews de notre François où, à la grande surprise de sa mère, il indique toutes sortes d’autres origines, dont Copacabana. »

Jean Clair, Erik Orsenna et Hélène Carrère d’Encausse © Canal Académie


- « M’en voudrez-vous, Monsieur, si je révèle aux deux ou trois personnes qui, dans cette brillante assemblée, ne vous auraient pas encore lu et par suite n’auraient pas encore pris connaissance de certains dérèglements de votre psychisme, oui, me pardonnerez-vous, Monsieur, si par avance je leur révèle ce que cachent aujourd’hui votre air réjoui, votre beau costume et la maîtrise du discours que nous venons d’entendre, au jour et à l’heure prévus en dépit de toutes les paroles ricaneuses qu’on pouvait entendre ici, quai Conti, ces dernières semaines (« Ce discours, l’aura-t-il fini ? Moi, je le connais, je pense qu’il ne l’a même pas commencé »), injustes et méchantes rumeurs que vous venez, magnifiquement, de contredire, bref, Monsieur, me tiendrez-vous durable rigueur de constater que vous êtes ce qu’il est convenu d’appeler dans les manuels de médecine, comme dans la vie courante et les films de Woody Allen, un névrosé ? »

- «Cher François Weyergans.
Longtemps on a préféré vous croire. Ça nous était plus facile.
Le personnage que vous nous présentiez, la fable du paresseux maladif, nous rassurait. Chacun sait que ricaner permet de ne pas s’interroger sur soi-même. Mais bas les masques, Monsieur:
J’ai compté.
Vous avez réussi à achever une trentaine d’œuvres, quinze films, qui tous ont surpris par leur nouveauté du regard et leur liberté, leur ton. Et douze livres qui chacun -hélas, je ne peux rendre compte de tous- nous a transportés dans un univers à nul autre pareil, qui tient à la fois de Lewis Carroll, de Kafka, de Sacha Guitry et de La Rochefoucauld.
Chacun de ces opus a marqué les esprits.
Alors, désolé pour vous! Je dois à la vérité de révéler à cette assistance et au-delà, urbi et orbi, votre nature véritable.
Vous êtes un faux flâneur, François Weyergans, en fait un travailleur compulsif, tendance stakhanoviste.
Vive la névrose !
Qu’est-ce qu’une psychanalyse réussie ? Celle qui libère, en soi, l’écriture».

Erik Orsenna, de l’Académie française © Canal Académie
© Canal Académie

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