Le "Napoléon" de Kubrick, par Jean Tulard, de l’Académie des sciences morales et politiques

Un livre événement pour les inconditionnels de Kubrick et de Napoléon
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Le personnage de Napoléon fait plutôt recette au cinéma ! Clin d’œil de l’un des plus grands historiens sur Napoléon, l’académicien Jean Tulard, sur Le "Napoléon" de Stanley Kubrick, le plus grand film jamais réalisé, Stanley Kubrick ’s Napoleon, The greatest movie never made, un livre des Editions Tashen.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : pag938
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Stanley Kubrick était fasciné par Napoléon. En 2011, le cinéaste est à l’honneur. La Cinémathèque de Paris lui consacre une exposition formidable et projette l’ensemble de sa filmographie. Le festival de Cannes lui rend hommage en projetant une copie restaurée d’Orange mécanique à l’occasion du 40e anniversaire de la sortie du fameux film.

Jean Tulard, Canal Académie le 2 mai 2011
© Canal Académie


L'historien Jean Tulard qui a consacré des dizaines d'ouvrages à Napoléon évoque dans cette interview, la figure de Napoléon au cinéma. L'histoire, et le cinéma, l’autre passion de Jean Tulard, sont ici réunies pour évoquer un film que personne ne verra. Le projet de film avorté de Stanley Kubrick consacré à Napoléon, jamais réalisé, sur lequel le cinéaste de génie avait pourtant énormément travaillé, fait l'objet d'un livre volumineux des Editions Tashen. Le Napoléon de Stanley Kubrick, le meilleur film jamais réalisé, titre du livre, ravira les inconditionnels à la fois de Kubrick et de Napoléon. Jean Tulard, à la demande de l’éditrice Alison Castle, a rédigé pour la circonstance une partie consacrée à Napoléon au cinéma.

Dans cette interview, Jean Tulard, avec l'humour et l'esprit qu'on lui connaît, évoque les grands films consacrés à Napoléon, du muet jusqu'à nos jours, les comédiens qui ont endossé le rôle, son expérience en tant qu'auteur de dramatiques radiophoniques, les anachronismes à éviter et son point de vue sur ce film inachevé. Anecdotes savoureuses et leçon de cinéma sont au rendez-vous.


Le livre publié en 2011 a fait l'objet, au préalable, d'une édition limitée dans un coffret de luxe qui rassemblait dix cahiers, certains sous forme de fac-similé, pour permettre au lecteur de découvrir ce travail préparatoire, comme s'il venait d'ouvrir une boîte au trésor. Qui ne rêve pas de lire les notes, la correspondance, le scénario, de compulser les clichés préparatoires d'un film de Kubrick ? L'édition présentée dans cette émission, plus abordable financièrement, réunit en un unique volume l'ensemble de ces cahiers, accompagné de traductions et d'un code permettant l'accès à une banque d'images "napoléoniennes", de près de 17 000 documents. Les versions française, anglaise et allemande permettent des allers-retours avec l'original. Ce tour de force éditorial, en un seul livre, mérite d'être salué.

Le film devait entrer en production juste après la sortie en 1968 de 2001 l’Odyssée de l’espace. Malheureusement, les grands studios, la Metro-Goldwyn-Mayer puis United Artists ont jugé trop risqué de produire le film, à une époque où le public laissait tomber les grandes sagas historiques. C'est parce qu'il aurait échoué à produire son "Napoléon" que Kubrick aurait si bien réussi Barry Lyndon, considéré comme son chef-d'œuvre, confie Jean Tulard. Ainsi, le "Napoléon" de Kubrick garde son mystère malgré la publication de ces archives, impressionnantes en qualité et en quantité. Seule la mise en image donnerait évidemment une idée juste de l'immense talent de Kubrick. Nous n'avons là que la phase préparatoire au scénario, le "traitement" qui donne déjà une idée très aboutie de la forme du futur film. Un paragraphe peut donner lieu à un simple plan, est-il rappelé dans l'ouvrage. Les dialogues permettent également d'imaginer l'histoire de Napoléon que Kubrick voulait traiter de sa naissance à sa mort, une ambition qui a inquiété les producteurs.

L'ouvrage conçu comme un hommage à ce chef-d'œuvre inachevé comprend en plus des archives, les contributions de Jan Harlan, d'Eva Maria Magel, d'Alison Castle, de Geoffrey Ellis et de Jean Tulard.

On en déduit que la version finale du scénario de septembre 1969 montre que Kubrick voulait réaliser un film épique qui englobe l'Europe entière avec des scènes de bataille et placer au cœur de la vie de Napoléon, sa relation à Joséphine et au pouvoir. La vie de cette figure historique mythique a été vue par Kubrick comme une tragédie classique, un scénario, dans les années soixante-dix qu'il ne s'interdisait pas de pouvoir remanier. Le cinéaste avait choisi de tourner en Angleterre où il résidait, en France et en Italie pour les intérieurs et en Yougoslavie et en Roumanie pour les scènes de batailles et de marches. Il avait fait réaliser des costumes en grand nombre, fait procéder à des repérages et accumuler une documentation digne d'un travail de thèse. Une dizaine d'assistants ont rassemblé pour lui une documentation fournie. Il sollicita Félix Markham, un historien d'Oxford, comme conseiller et entretint avec lui une correspondance très suivie.

Pour en savoir plus

- Jean Tulard sur le site de l'Académie des sciences morales et politiques

Couverture du livre

- Le livre Stanley Kubrick’s Napoléon, The greatest movie never made sur le site des Editions Tashen : feuilleter quelques pages de l'ouvrage->Stanley Kubrick’s Napoléon, The greatest movie never made

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