Jean-Christophe Rufin, de l’Académie française : romancier d’abord, romancier encore

L’écrivain voyageur jette l’ancre quai Conti
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

L’écriture accompagne Jean-Christophe Rufin. Ancien Ambassadeur, ancien neurologue, ancien expert auprès de cabinets ministériels, médecin sur le terrain de l’humanitaire à ses débuts, l’homme semble aimer s’inscrire dans son temps par les mots ou par l’action. Parcours d’un romancier.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : hab603
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Dans cette émission l'auteur de Katiba, le plus récent de ses romans, s'exprime sur son parcours avec le ton distancié de ceux qui ont roulé leur bille, multiplié les expériences et vécu leur engagements de jeunesse pleinement. Au mi-temps de la vie, l'académicien qui est le benjamin de l'Académie, mais qui n'est plus un perdreau de l'année selon ses propres mots amusés, livre ici, ses réflexions sur la nature et l'exercice du pouvoir dont il a eu davantage qu'un aperçu, en tant que conseiller ministériel et ambassadeur. Un regard posé sur ses différentes expériences qui ont nourri et nourrissent encore son appétit du monde pour mieux servir ses romans.

En conjuguant activité professionnelle, action et écriture, l'idée du romancier, nous dit-il, est d'avoir un balcon sur le monde, d'avoir un autre angle de vue sur l'histoire, Jean-Christophe Rufin ne pense pas pour autant, avoir une vie romanesque, mais estime avoir fait des choix difficiles, quitter la fonction publique pour l'écriture. «J'ai une vie qui s'est libérée à un moment donné et qui flotte dans l'univers un peu particulier, celui de l'imprévu », nous dit-il dans cette interview. «Finalement l'Académie française est pour moi un port d'attache. Pour la première fois de ma vie, je suis dans un endroit dont je puisse me dire que j'y serai jusqu'à la fin de mes jours, voilà... parce que cela ne s'est jamais produit jusqu'à présent, donc je suis très content».

Sans plan de carrière, aime-t-il rappeler, après avoir été médecin neurologue, pionnier dans la médecine humanitaire, conseiller ministériel, la médecine, la première de ses activités, semble avoir été pour lui un fil d'Ariane pour garder un pied dans la réalité du quotidien. Il y a deux ans, dans son livre Un Léopard sur le garrot, chroniques d'un médecin nomade (2009), il a raconté avec humour parfois et autocritique sa vie partagée entre médecine, diplomatie, et humanitaire.

Extrait du livre Un Léopard sur le garrot, chroniques d'un médecin nomade

Jamais je n'ai été si peu médecin qu'aujourd'hui. Et pourtant, jamais je n'ai été plus proche de la vocation qui m'a fait choisir ce métier.

Certes, je ne pratique plus actuellement la médecine clinique ; je ne palpe pas les ventres, je n'écoute pas les poumons, je ne rédige pas d'ordonnances. Mais mon projet, en embrassant la carrière médicale, n'était pas seulement de faire l'usage d'un stéthoscope... La volonté d'engagement, l'humanisme en acte, l'ancrage littéraire, tous ses idéaux étaient pour moi au principe de l'activité mystérieuse dont je suis témoin depuis l'enfance et qu'on appelle la médecine. Tout cela, je l'ai rejoint par le détour d'une carrière qui, en cheminant sur les marges, m'a finalement conduit jusqu'où je voulais secrètement aller.

Aujourd'hui en 2011, après avoir quitté ses fonctions d'ambassadeur au Sénégal, Jean-Christophe Rufin laisse place à l'imprévu et à l'écriture. Il nous annonce qu'il va travailler pour Paris-Match, le moyen pour lui de concilier deux de ses passions : écrire et voyager. Il renoue avec la tradition des «écrivains du front pour garder les yeux ouverts et laisser la place à la rencontre et à l'expérience. »

Quelques unes des questions posées dans cette interview :

A-t-il été tenté par la politique ? De quelle appartenance politique se réclame-t-il ? Quelles sont ses réflexions sur l'exercice du pouvoir ? Quel est le pouvoir de la diplomatie ? Quel bilan fait-il de l’action menée par les organisations humanitaires depuis les années 1980 ? Avec le recul, quel poids ont-elles acquis ?

Quelles sont ses plus grandes désillusions ? Quelle place occupe l'écriture dans sa vie ? Qu'est-ce qui compte pour lui, la langue, l'histoire, la forme dans ses romans ? Quels sont ses projets d'écriture ?

Retrouvez Jean-Christophe Rufin sur Canal Académie à propos de Katiba,

-Jean-Christophe Rufin, de l’Académie française : katiba

Jean-Christophe Rufin, de l’académie française, studio Canal Académie, 25\/11\/ 2010
© Canal Académie


Pour en savoir plus

-Jean-Christophe Rufin, de l'Académie française

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