Nouvelles questions sur la mort aujourd’hui : Mourir à l’hôpital (2/2)

Entretien avec le Docteur Regis Aubry, président de l’observatoire de fin de vie, avec Damien Le Guay
Avec Damien Le Guay
journaliste

Le docteur Regis Aubry, président de l’observatoire de fin de vie, poursuit, dans ce second volet d’un entretien avec Damien Le Guay, sa réflexion sur les évolutions relatives à la mort dans notre société, notamment les conditions dans les hôpitaux.

Émission proposée par : Damien Le Guay
Référence : pag802
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Comment meurt-on aujourd’hui dans les hôpitaux ?
Comment « mieux » mourir avec plus de dignité ? Nous avons posé la question à Régis Aubry.

Dans cette émission, le docteur Aubry, président de l’observatoire de fin de vie, commente les éléments importants d'un rapport de l’IGAS, paru en novembre 2009 (rédigé par Françoise Lalande et Olivier Veber). Le rapport dresse un tableau assez accablant des conditions actuelles de mort dans les hôpitaux français. Différents éléments sont mis en avant :

- La question de la mort est largement occultée. La mort, à l’hôpital, reste taboue pour le personnel autant que pour les patients.

- La prise en charge de la mort n’entre pas dans les missions de l’hôpital et les moyens nécessaires à l’accompagnement des patients et des familles ne sont jamais évalués.
- Existe une grande hétérogénéité des pratiques (aides aux familles, soutiens, recours aux bénévoles…) selon les régions et les moyens. Des pratiques de qualité coexistent avec d’autres qui sont peu respectueuses de la dignité des patients.
- L’activité mortuaire (le cadavre, l’accueil des familles autour du mort…) des établissements recouvre des pratiques elles aussi disparates. Des modernisations des pratiques sont à l’œuvre qu’il faudrait, là aussi, examinées de près et améliorées et homogénéiser par le haut.
- Pour les patients, l’isolement semble être la règle.

En plus du constat, le rapport de l’Igas fait des propositions pour mourir avec plus de dignité, pour réviser certaines pratiques, pour améliorer les prises en charges et l’accueil des familles, pour humaniser les services de réanimation et d’adapter les services d’urgence. Il faut aussi assumer plus clairement (et avec plus de moyens) les fonctions mortuaires et l’accueil des chambres mortuaires.

C’est la raison pour laquelle nous avons demandé à Régis Aubry de bien vouloir explorer avec nous ce nouveau continent éthique qui se découvre avec les avancées du progrès médical.

Régis Aubry, 51 ans, est docteur en médecine, chef du département "douleur soins palliatifs" du CHU de Besançon, coordinateur du Programme national de développement des soins palliatifs et depuis avril 2010 préside l'Observatoire national de la fin de vie destiné à évaluer les pratiques médicales, et à veiller à une meilleure application de la loi du 22 avril 2005 sur les soins palliatifs, dite loi Leonetti.
Souvent entendu, son avis compte. Il se bat depuis des années pour redonner le plus d’humanité possible aux derniers instants. Il sait que l’absence de réflexion est la pire de toutes les solutions. Il a été auditionné par les deux commissions LEONETTI et entendu par les auditeurs de l’IGAS qui, en novembre 2009, ont rendu un rapport particulièrement juste sur les conditions sévères de mort à l’hôpital. (IGAS, La Mort à l’Hôpital)

En savoir plus :

Le premier volet de cette émission : Nouvelles questions sur la mort aujourd’hui : Ethique et Médecine (1/2)

Notre émission sur l'Observatoire national de la fin de vie avec le professeur André Vacheron : Un observatoire national pour la fin de vie présenté par André Vacheron

À lire : de Régis Aubry et Marie-Claude Daydé (Editions Lamarre) :

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