Les jardins de Versailles (2/3) : pour la fête, la promenade et l’éducation

Avec Patricia Bouchenot-Déchin

Les jardins de Versailles sont le reflet du pouvoir du Roi-Soleil, mais pas seulement. Jardins de fêtes, de promenades, ils servent également à l’éducation des princes et des courtisans. L'historienne Patricia Bouchenot-Déchin vous emmène à Versailles pour une visite consacrée aux usages des jardins.

L’évolution de l’usage des jardins de Versailles correspond aux grandes étapes de la vie de Louis XIV.

Des jardins de fêtes

Les grandes fêtes de 1664, 1668 et 1674, célébrées essentiellement dans les jardins, sont inoubliables pour les contemporains qui y assistent, comme pour tous ceux qui en perçoivent l’écho, grâce à leur diffusion écrite ou gravée.
Elles correspondent certes à des victoires militaires, mais aussi aux conquêtes sentimentales de Louis XIV. À l’image d’un roi jeune, aimant la danse, les jardins sont vivants, changent au gré des jeux de buis, de topiaires et des statutaires en une succession de tableaux, appelés à disparaître pour ressurgir renouvelés.

Les plaisirs de l’Ile enchantée, première journée, 5 mai 1664

 

 

Des jardins de promenade

Le matin, Louis XIV arpente ces jardins ouverts à tous.
Jardiniers et fontainiers suivent le roi qui s’intéresse aux moindres détails. Il consacre ses après-midis aux dames. La promenade se fait selon les saisons et les périodes de la vie, à pied ou à cheval, en bateau sur le canal, et plus tard en roulotte ou en carriole.
N’oublions pas que les jardins étaient aussi destinés à la noblesse, heureuse de se divertir grâce au plaisir de la chasse, passion des Bourbon, quand elle n’était pas à la guerre.
 

 

 

La promenade en roulotte
© Château de Versailles \/ Christian Milet
Chasse au faucon, duchesse de Bourgogne
© Château de Versailles \/ Christian Milet

 

Mais les jardins servent aussi à l’éducation du prince, quand ce n’est pas celle des courtisans. Le labyrinthe dont les fontaines illustrent les fables d’Ésope, permettent à Fénelon, à l’occasion de promenade, de parfaire le savoir du futur souverain. Quant aux bosquets de l’Encelade, comment ne pas songer au destin de Fouquet en apercevant le géant enseveli sous les rochers pour avoir voulu détrôner le dieu de l’Olympe !
 

 

Labyrinthe jouxtant l’Orangerie
© Château de Versailles \/ Christian Milet

 

 

Un jardin pour la postérité

Reflet de la puissance du monarque, les jardins sont un véritable atout de séduction pour le roi. Leur visite fait partie du parcours obligé, tout particulièrement pour les étrangers. Louis XIV n’hésite pas à servir de guide quand la qualité de l’invité ou l’intérêt de la couronne le commande, qu’il s’agisse de financiers comme Samuel Bernard, ou d’ambassadeurs comme ceux du Siam. Ces derniers en découvrant l’orangerie ne purent s’empêcher d’avouer qu’il fallait être un bien grand roi pour offrir un tel palais à ces orangers.

 

 

 

Parterre de l’Orangerie
© Christian Milet

Patricia Bouchenot-Déchin est historienne, écrivain, vice-président de l’Académie des sciences morales, des lettres et des arts de Versailles et d’Ile-de-France. Elle est l’auteur de Henry Dupuis, jardinier de Louis XIV, (collection Les métiers de Versailles dirigée par Béatrix Saule, coéditions Perrin-château de Versailles, mars 2001, réédition mars 2007), premier ouvrage à se pencher, à partir d’archives inédites, sur le savoir-faire de tout un clan qui, aux côtés d’André Le Nôtre, édifia les jardins de Versailles. Elle est également co-auteur du guide de référence Versailles paru chez Gallimard et a rédigé, entre autres, la partie consacrée aux jardins.

En savoir plus :

- Ecoutez l'émission Les jardins de Versailles (1/3) : l’histoire des jardins à la française

- Château de Versailles
- Académie de Versailles

Patricia Bouchenot-Déchin, Henry Dupuis, jardinier de Louis XIV, éditions Perrin, 2007
 

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