La duchesse de Berry : romantique ou romanesque ?

Avec l’historien Jean-Joël Brégeon, invité par Laetitia de Witt
Avec Laëtitia de Witt
journaliste

Qui fut vraiment la duchesse de Berry ? Une aventurière, une écervelée, une sentimentale exaltée par ses lectures ? Dans la biographie qu’il lui consacre, Jean-Joël Brégeon l’aborde en héroïne romantique, d’où un portrait pittoresque et attachant à l’image de la duchesse de Berry.

Émission proposée par : Laëtitia de Witt
Référence : hist544
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Une destinée romanesque

- La duchesse de Berry, née Marie-Caroline de Bourbon, princesse des Deux-Siciles voit le jour à Palerme en 1798. Elle est la fille de François 1er, roi des Deux-Siciles (1777-1830) et de Clémentine de Habsbourg (1777–1801), fille de l’empereur Léopold II.
- Après avoir passé son enfance et sa jeunesse à Naples et à Palerme, elle fut choisie par Louis XVIII pour épouser son neveu, Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry, second fils du comte d’Artois, futur Charles X, et surtout le seul pouvant encore assurer la descendance de son lignage. Vingt ans séparaient les deux époux, malgré cette différence d’âge leur union fut heureuse. La jeune Marie-Caroline, qui avait reçue une éducation rudimentaire, adopta les goûts de son époux en particulier pour les arts. Leur temps se partageait entre l’Elysée, réaménagé pour eux, et le château de Rosny, auquel la duchesse de Berry restera attachée.
- Le duc et la duchesse de Berry eurent quatre enfants dont deux seulement survécurent : Louise (1819-1864) puis Henri (1820-1864), duc de Bordeaux, surnommé « l’Enfant du Miracle », né en septembre 1820, sept mois après l’assassinat de son père, le duc de Berry.
- Après l'assassinat de son époux, la duchesse de Berry s'installa aux Tuileries. Mais c’est à Rosny qu’elle aimait séjourner. Elle y était loin de la cour et de son étiquette. Il faut dire que la duchesse de Berry contrastait avec les membres de sa belle-famille. Elle était peu attachée à l'étiquette, aimait sortir, recevoir et était très sensible à la mode. Femme libérée et anticonformiste, elle marqua son temps. On lui doit le développement du style troubadour et plus original pour l’époque, la vogue des bains de mer, en particulier à Boulogne-sur-Mer et à Dieppe.

Une femme politique ?

- La naissance du duc de bordeaux, le 29 septembre 1820 confère à Marie-Caroline une importance politique que rien ne laissait présager. Consciente qu’elle peut désormais jouer un rôle, elle s’implique en politique mais à sa façon. Son apprentissage politique est inexistant, en aucune façon elle n’acquière un corpus « idéologique » véritable. Elle se montre partisane d’un monarchisme rigide, tout en faisant preuve d’une grande liberté et d’un goût prononcé pour l’intrigue. Son entourage ne compense guère ses lacunes. Autour d’elle se réunissent des hommes et des femmes qui partagent sa vision romanesque de la politique.
- Après les Trois Glorieuses de 1830 suivies de son départ pour l'Angleterre avec Charles X, refusant l'abdication et l'exil, elle se décide à reprendre le trône à Louis-Philippe pour le remettre à son fils Henri, héritier légitime de la couronne. Confiante dans les sentiments des Français, avec la garantie du succès immédiat donnée par ses agents secrets, elle se rend en Italie pour préparer la révolte.
- Elle débarque en France, à Marseille, dans la nuit du 28 au 29 avril 1832. S'enchaînent alors événements et aventures qui la font, mère sublime, se transformer en chef valeureux partageant la vie dangereuse et subissant la défaite de ses soldats trop peu nombreux. Pourchassée, elle fuit de ferme en ferme sous divers déguisements, se terre dans des réduits misérables, emprunte des sentiers impraticables à travers ronces, broussailles et marécages. Trahie, elle est finalement capturée dans une mansarde nantaise et emprisonnée à la citadelle de Blaye où le déshonneur l'assaille... Enceinte, Louis-Philippe la fait accoucher devant témoins afin de flétrir son honneur aux yeux des légitimistes et ainsi discréditer la cause du jeune duc de Bordeaux. Vient alors la question de l’union qu’elle aurait contractée en 1831 avec Hector Lucchesi-Palli. Aucune preuve ne confirme la date de ce mariage. Après sa libération elle aura quatre autres enfants avec lui.
- La duchesse de Berry s’éteignit en 1870 en Autriche où elle passa les dernières années de sa vie, paisible, aux côtés de sa nombreuse descendance.

Présentation de l'éditeur

Les entreprises les plus folles sont souvent celles qui sont le plus près de réussir. Au début du règne de Louis-Philippe, tous les rapports confirment les inquiétudes que suscitaient dans la police les menées des Carlistes, comprenons des partisans de Charles X : Berryer est épié, le faubourg Saint-Germain surveillé et les journaux légitimistes saisis. Faut-il voir dans ces excès de zèle la volonté de certains fonctionnaires de police de se désolidariser du régime qu’ils avaient précédemment servi ? Nullement. La menace était réelle. Certes le complot des Prouvaires, aujourd’hui bien oublié, fut facilement déjoué. Pourtant 1 500 conjurés devaient cerner les Tuileries et s’emparer de la famille royale. Les chefs furent appréhendés avant tout commencement d’exécution. En revanche, la tentative de la duchesse de Berry de soulever la Vendée inquiéta vivement Paris. Les rumeurs les plus folles coururent alors. Un rapport de la Préfecture de police annonçait, le 30 mai 1832 : « Les événements de Vendée suscitent de l’émotion. Des négociations seraient en cours entre les Carlistes et les républicains. » Qui était la duchesse de Berry ? Quelles étaient ses motivations ? Pourquoi a-t-elle échoué ? Et quelles sont les raisons de la fascination qu’elle continue d’exercer ? À ces questions Jean-Joël Brégeon apporte des réponses neuves et documentées. Voici la folle expédition de la duchesse de Berry contée par l’un des meilleurs spécialistes de la Vendée et de la Contre-révolution. »

L'auteur

Depuis 1987, Jean-Joël Brégeon se consacre à des études portant sur la Révolution et le Premier Empire, Carrier et la terreur nantaise, Kléber, Napoléon et la guerre d'Espagne et L'Egypte de Bonaparte pour lequel il a reçu le prix Diane Potier-Boès décerné par l'Académie française.

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