Jean Cortot, peintre et poète

Membre de l’Académie des beaux-arts
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Élu membre de l’Académie des beaux-arts, le mercredi 28 novembre 2001, au fauteuil d’Olivier Debré, Jean Cortot propose une symbiose entre peinture et écriture. Élève d’Othon Friez et fondateur du groupe Échelle, son graphisme original le porte à quitter le figuratif pour l’abstraction en traduisant en termes picturaux son goût prononcé pour la poésie et la philosophie. Il a illustré quantité d’œuvres littéraires dont la poésie de Jean Tardieu qui disait de lui : « C’est comme si en peignant mes textes avec son pinceau, il leur ajoutait une signification et une saveur supplémentaires ».

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : hab344
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_ L'œuvre de Jean Cortot est reconnue dès ses débuts. En 1948, il reçoit le Prix de la Jeune Peinture, suivi en 1954 du Prix de l'Union méditerranéenne pour l'Art moderne, à la biennale de Menton. Le chantier de La Ciotat, les paysages de l'Ardèche, les natures mortes, la mer sont alors ses sources d'inspiration. Dans les années soixante, alors qu'il illustre La charge du roi, à la demande de son auteur Jean Giono, son attention se porte sur les signes, ceux de l'écriture. Lecteur passionné, poète et écrivain, « peindre ce qui est dans les livres » selon ses propres mots s'inscrit dès lors dans sa démarche d'artiste.

En lecteur averti, il copie des passages d'œuvres littéraires dans
sa peinture. Jean Cortot maintient une lisibilité modeste de l'écriture ainsi peinte dans ses toiles par respect du sens profond des textes qu'il peint. « Son » écriture s'oppose ainsi à toute lecture hâtive. Cette vénération est à l'origine de ses Tableaux dédiés, grands tableaux-poèmes qui font aimer à celui qui les regarde et les lit, à la fois, le texte et l'écriture.

Jean Cortot de l’Académie des beaux-arts, dans son atelier, avril 2008
© Louis Monnier


L'intimité de Jean Cortot avec la poésie et les textes philosophiques lui vient de son milieu familial. Paul Valéry fréquentait ses parents et plus tard il lui parut essentiel de traduire dans son langage de peintre la pensée de l'écrivain. Une confiance et un respect, compris par les descendants de Paul Valéry, avec lesquels Jean Cortot entretient toujours des liens.

Dans cet entretien, il évoque Paul Valéry, William Blake, Yeats, Louise Labbé, Michel Déon, Jean Tardieu et le peintre Jean Clerté.

Jean Cortot a entamé un dialogue avec l'écriture dès les années cinquante, dans les séries Les Villes, Les Reflets, Les Combats. Il n'a cessé de l'approfondir par la suite dans la série Écritures. Celle-ci devient explicitement présente dans la série Fusions et à partir des années quatre-vingt, le texte s'inscrit dans les toiles pour les éclairer d'une lumière qui les révèle. Il peint des tableaux-poèmes, des hommages, des tableaux dédiés aux philosophes et aux poètes qu'il aime : Éloge de Paul Valéry, d'Henri Michaux, de Valéry Larbaud, Hommage à André Frénaud.
Par sa culture presque familière des chefs d'œuvres des lettres, Racine, Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Apollinaire, Char, Ponge sont devenus les sujets de ses tableaux. Il compose des coffrets peints pour des éditions originales ou rares et des livres manuscrits, peints ou gravés, tirés parfois à quelques exemplaires. Il a exploré les domaines de la tapisserie, des affiches, des décors de théâtre et même du vitrail et celui des livres imprimés. Il a ainsi illustré Jean Giono, Lucien Scheler, Guy Marester, Guillevic, Pierre André Benoit, Jean Tardieu, Michel Déon, Michel Butor, Julius Baltazar, Fernando Arrabal et Bertrand Dorny. Il est bien difficile de rendre compte de tous ceux qu'il a choisis et qui l'ont choisi car beaucoup ont été et sont des compagnons de longue date du peintre.


On peut trouver des poèmes et des textes de Jean Cortot dans Livres et dans Jean Cortot Tableaux dédiés, deux ouvrages publiés par Maeght Éditeur. Citons parmi quelques uns de ses poèmes, Le silence est d'astre ou Retour à Campamento. Il a écrit sur les auteurs qui ont sa préférence comme Jean Tardieu et l'Italie ou sur André Frénaud, ainsi que des textes courts en prose comme La femme de glace, Le puçot, Le carcal et Préface pour une encyclopédie de l'œuf, restée inédite.

Jean Cortot de l’Académie des beaux-arts, dans son atelier, avril 2008
© Louis Monnier


Pour en savoir plus

L’épée d’académicien du peintre Jean Cortot
© Académie des beaux-arts

- Jean Cortot, membre de l'Académie des beaux-arts
- Severo Sardy, Jean Cortot, Maeght Éditeur, 1992
- Pierre Cabanne, Jean Cortot, L'Œil, tiré à part, 1993
- Michel Déon, Jean Cortot, Jeux de miroirs, Fata Morgana
- Jean Cortot, Livres, Maeght Éditeur, 1995
- Jean Cortot, Tableaux dédiés, 1993

Jean Cortot de l’Académie des beaux-arts, Canal Académie avril 2008
© Louis Monnier

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