Nouvelle vision de l’Ancien Régime : tradition, innovation et ouverture

Michel Vergé-Franceschi : complexité et grandeur de la société du XVII ème siècle
Avec Christophe Dickès
journaliste

Auteur de "La Société française au XVIIe siècle" (Fayard, 2006), Michel Vergé-Franceschi nous offre un regard renouvelé sur l’Ancien Régime qu’il situe à la fois entre la tradition, l’innovation et l’ouverture sur fond de naissance de l’Etat moderne. Un livre incontournable.

Émission proposée par : Christophe Dickès
Référence : hist241
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« Sous l’Ancien Régime, la population de la France était divisée en trois ordres : le clergé, la noblesse et le Tiers état. » Cette phrase tirée d’un site Internet, nous la connaissons tous inconsciemment. Nous l’avons tous lue dans nos vieux manuels scolaires de primaire et parfois de secondaire… Elle désigne pour nous la société d’Ancien Régime avec ce que cette expression suppose d’immobilisme, d’absence d’innovation ou d’ouverture. Pour les historiens marxistes, cette société n’était pas une société d’ordres mais une société de classes. Pour d’autres et par opposition aux deux premières définitions, cette société fut avant tout une société de corps.

Christophe Dickès et Michel Vergé-Franceschi dans le studio de Canal Académie


Pourtant, disons le d’emblée, tant la première définition que la deuxième et même la troisième ne sont pas satisfaisantes pour le chercheur. Nous le savons, l’idée d’une société de classes, tout comme celle d’une division tripartite de la société d’avant 1789 sont le fruit d’une vision idéologique, singeant la réalité de l’Ancien Régime…. Il faudrait d'ailleurs dire les réalités de l’Ancien Régime, car la société au temps d'Henri IV était bien différente de celle au temps de Louis XIV. Chacune d'entre-elles offre à l’historien une richesse et une diversité que l’on ne soupçonne guère. L'émission Un jour dans l'Histoire vous propose de partir à la découverte de ces réalités et de cette société qui mêle à la fois la tradition à l’innovation et à l’ouverture; une société non pas sclérosée, mais dans laquelle règne une mobilité sociale certaine.

Présentation de l'éditeur.

La société de l'Ancien Régime - et particulièrement celle du XVIIe siècle - nous est aujourd'hui à peu près aussi exotique que celle de l'Antiquité classique ou de l'Amérique précolombienne... Nous avons d'elle une vision figée par les trois siècles qui nous en séparent, et longtemps une lecture idéologique du passé de la France a stérilisé les recherches des historiens. Il n'en va heureusement plus ainsi de nos jours, car de nombreux travaux d'érudition ont fait « bouger les lignes » : les synthèses deviennent possibles. De cette « société d'ordres » - et en aucun cas de classes ! - Michel Vergé-Franceschi dresse ici un tableau complet et vivant, l'analysant sous un triple prisme : celui de la tradition (avec ses charges de grand veneur, grand louvetier, grand fauconnier, etc.) ; celui de l'innovation (avec par exemple ses chirurgiens qui ne sont plus barbiers, ses ingénieurs, ses officiers de marine...), enfin celui de l'ouverture, car, sous Louis XIV, et contrairement aux idées reçues, un fils de pêcheur illettré peut devenir officier général (Jean Bart), le descendant de simples artisans champenois ministre (Colbert), le rejeton de grenetiers au grenier à sel chanceliers de France et gardes des Sceaux (les d'Aligre père et fils) , etc.
Pour reposer sur des fondements radicalement différents de ceux que nous connaissons, la société française du XVIIe siècle n'en a pas moins été, à sa manière, une société ouverte.

En savoir plus sur l'auteur.

Né en 1951, Michel Vergé-Franceschi est professeur d'histoire moderne à l'université François Rabelais de Tours. Depuis sa thèse de doctorat consacrée aux Officiers généraux de la marine royale, il s'est affirmé comme un des plus grands spécialistes de l'histoire maritime. En 1978, son ouvrage La Royale eu temps de l'amiral d'Estaing fut couronné par l'Académie française. En 1992, son Histoire de Corse, le pays de la Grandeur (Le Félin, 1998, nombreuses rééditions), reçut un prix de l'Académie des Inscriptions et des Belles Lettres. Enfin, l'an dernier, il reçut un nouveau prix de l'Académie française pour sa biographie de Pascal Paoli (Fayard, 2006).

La Société française au XVIIe siècle (Fayard, 2006) apparaît comme un ouvrage de toute une vie puisqu'il fut commencé en 1976. Un livre absolument incontournable pour qui souhaite s'intéresser aux réalités de l'Ancien Régime.

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