Selam, pour dire l’amour avec des fleurs !

La chronique du "bibliologue" Bertrand Galimard Flavigny

Bertrand Galimard Flavigny s’arrête sur un ouvrage publié en 1834, intitulé "Sélam, morceaux choisis inédits de littérature contemporaine" ; un titre mystérieux dont la réponse se trouve dans une légende turque !

Émission proposée par : Bertrand Galimard Flavigny
Référence : pag259
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Transportons-nous de l’autre côté du Bosphore. On raconte que la belle Axianie avait imaginé un moyen de bavarder avec son soupirant Mohammed sans rien lui dire, au moyen de la seule offrande des fleurs qu'elle cultivait... Elle était fille de pacha, il était pauvre et ils purent ainsi s’aimer. Ce stratagème qui permettait de communiquer entre amoureux par la voix des fleurs, est appelé sélam.


Le trop charmant frontispice gravé par Ensom d’après un dessin de Destouches, d’un ouvrage justement intitulé Sélam, illustre une scène du genre dans laquelle Néhabdé, une orpheline Circassienne vendue au sultan, se montre attentive aux chansons d’Ayoub le conteur. Cet ouvrage-là, édité à Paris par F. Astouin et A. Levasseur, en 1834, est un recueil de « morceaux choisis inédits de littérature contemporaine ».
Qu’est-ce que le sélam se demande le préfacier, qui n’est autre que Théophile Gautier ? « Est-ce du grec, de l’hébreu, du chinois, du sanscrit, de l’iroquois ? – Est-ce un nom d’homme, un nom de femme, un nom de contrée ? – Rien de tout cela. – Alors qu’est-ce donc ? – Tout bonnement un honnête mot turc, et non autre chose. – Maintenant que signifie ce mot turc, et pourquoi sert-il de titre à un livre qui, selon toutes les probabilités, doit être écrit e français ? » Et le futur auteur du Roman de la momie, de préciser qu’il est en état d’expliquer la signification du mot sélam grâce à une note de lord Byron. « Bien ! mais quel rapport y-a-t-il entre un bouquet de fleurs et un recueil de contes français illustrés de vignettes anglaises ? Il n’y en a aucun, et c’est pourquoi le titre est excellent ».
En fait selam vient tout simplement du mot arabe qui signifie salut. Il désigne un bouquet de fleurs dont l'arrangement comporte une signification et un message, comme dans Le Lys dans la vallée, les bouquets de Félix de Vandenesse. En matière d’amour, l’orient et l’Occident font usage des mêmes codes. D’ailleurs Verlaine, dans Amours n’envoie-t-il pas une pensée à madame X… qui devait être charmante ?

Pour en savoir plus, écoutez sans plus tarder la chronique de Bertrand Galimard Flavigny !

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